Par Bernard Vassor
Charles Fourier .............Jean JOURNET est né à Carcassonne en 1799. Ses parents le mirent au collège où il fut un des plus mauvais élève. Il se rendit à Paris où il fit des études de pharmacie. Il rencontra des Carbonari qui l’enrôlèrent dans cette société secrète. Recherché par la police, il s’enfuit en Espagne, prit du service dans l’armée d’indépendance dont Armand Carel faisait partie. Il fut fait prisonnier et ramené en France dans le Castillet de Perpignan. Après dix huit mois de prison préventive, il fut acquitté. Quelques temps après il se fixa à Limoux où il s'établit comme pharmacien et s’y maria.
C’est alors qu’il tomba sur quelques brochures de Charles Fourier qui produisirent sur son imagination échevelée une telle impression, qu’il partit pour Paris afin de rencontrer l’auteur de « La Théorie des Quatre mouvements ». C’était ce que contenait de plus bizarre cette doctrine qui l’avait le plus frappé.Rendant visite à l’ermite de la rue Saint-Pierre de Montmartre, dans sa mansarde au chevet de l’église, il fut frappé par l’extrême pauvreté de Fourier de son état minable, cequi le renforça dans la volonté messianique de promouvoir la doctrine du maître. C’est ainsi que débutât l’apostolat de Jean Journet qu’il poursuivit jusqu’à la fin de sa vie. Ne prenant dans la doctrine de Fourier que les aspects les plus insolites,il résolut d’abandonner la pharmacie et sa famille pour propager avec ardeur dans le monde « la bonne nouvelle » Actes_du_colloque_Maison_Francaise_d_Oxford_Anne_Marie_Kilday_et_Nathalie_Vanfasse_2003.pdf
C'est alors que commença l'apostolat de Jean Journet qu'il poursuivit jusqu'à la fin de sa vie avec ardeur et ténacité.
Il se rendit une nouelle fois à Paris où il rencontra Victor Considérant et des chefs de l'école phalanstérienne qui le rejetèrent, le prenant comme un illuminé grotesque. A Paris, il fut très mal accueilli par les chefs de l'école phalanstérienne. Il écrivit de petites brochures qu'il vendait à bas prix ou distribuait gratuitement quand il ne pouvait pas les monnayer. Le 8 mars 1841, du balcon de l'Opéra Le Peletier, il jeta un torrent de brochures sur le parterre. Arrêté, il fut conduit à la préfecture, et de là à Bicètre, déclaré alliéné de monomanie, il subit un internement et un traitement qui l'aurait rendu complètement fou si l'intervention de M. Mongolfier ne lui avait fait rendre la liberté. Cette expérience, ne le rebuta pas, il reprit la rédaction de ses préceptes, mais il décida de s'adresser aux sommités sociales, mais toujours sans succès. Il partit pour la province, allant de ville en ville, prêchant sa doctrine dans les cafés.
Arrivé à Montpellier, il apprit qu'il y avait une reception chez l'évêque. Pénétrant dans les salons, il se mit en tête de convertir les prêtres réunis en déclamant :
--"Réveillez-vous ! lévites sacrilèges,
Ivres d'encens, dans la pourpre endormie;
Le Saint-Esprit a dévoilé ses pièges,
Il va saper vos sépulcres blanchis."
Vous imaginez l'effet ! La France n'étant pas réceptive, il s'attaqua à la Belgique, et il tenta même de convertir au fouriérisme la reine des Belges. De nouveau à Paris il harcela de ses visites les hommes les plus en vue : Delavigne, Lamenais, Lamartine,, Victor Hugo. Seul le généreux Alexandre Dumaslui constitua une rente de 1200 francs, somme qu'il ne perçu pas longtemps, Dumas étant criblé de dettes, il dut mettre en vente Monte-Christo....
Voici une liste d'injures : Instigateur de nos maux, fléau de l'espèce humaine, Roi du machiavélisme, augure cacochyme, vampire cosmopolite, omniarque de rebut, avorton de la sciences, souteneur de Proserpine, pygmée de perversité, sybarite gorgé, omniaque omnivore ....
Dans le but de fonder un phalanstère d'enfants, il lança une souscription qui ne rencontra aucun succès.
En 1849, il lança de nouveau du balcon du Théâtre-Français ses brochures sur les spectateurs. Arrêté, il fut de nouveau interné à Bicètre où il resta quelques semaines. Il poursuivit sa propagande dans les cafés. Le coup d'état du 2 décembre l'obligea à retrouver sa famille à Limoux. Il finit ses jours en 1861. Sa dernière brochure répertoriée (1858) "Documents apostoliques et prophéties" nous montre, que même à la fin de sa vie, il avait poursivi sa propagande apostolique fouriériste.
Jean Journet fait partie de ces personnages inclassables que Champfleury a placé dans sa galerie des "Excentriques"