Roger Karoutchi, ministre chargé des relations avec le Parlement et François Fillon, Premier ministre, ne l'ont pas caché. Pour écourter les débats à l'Assemblée nationale sur la réforme du paysage audiovisuel français, le gouvernement va utiliser l'une des procédures prévues par la Constitution et qui permet, par le vote bloqué ou l'application de l'article 49-3, d'imposer ses vues à une assemblée réticente.
Tous les députés socialistes, communistes, Verts, radicaux, sont opposés à cette réforme de la loi qui nous ramène 30 ans en arrière quand le gouvernement avait encore un ministre de l'information. Celui-ci ne se privait pas de faire pression sur les chaines de télévision et tentait d'orienter le contenu de l'information. Nicolas Sarkozy rêve d'avoir dans sa main les présidents des chaines publiques (puisqu'il les nommera lui-même) et aussi les responsables de l'information. En privé, les députés UMP affirment que « 80 % des journalistes des chaines publiques sont de gauche. » Ne cherchons pas ailleurs la volonté de mainmise du gouvernement sur France télévisions.
François Loncle, député de Louviers, est intervenu dans le débat pour affirmer que « des licenciements d'origine politique avaient eu lieu sur France 24 (la chaine internationale) et RFI (Radio France Internationale) ». Il s'est dit « très gêné que la directrice générale déléguée de France 24 soit l'épouse du ministre des affaires étrangères. » Ne nous leurrons pas.Le combat mené au Parlement par l'opposition de gauche n'est pas un combat d'arrière garde. Il s'agit de conserver un acquis extrêmement précieux, conforme à une démocratie adulte et respectueuse du pluralisme : une information libre et honnête ne dépendant que de la conscience des journalistes.Réfléchissons un instant à ce que va devenir le Paysage audiovisuel français quand TF1 et M6 vont crouler sous les millions d'euros de publicité et quand France 2, France 3, et les autres vont dépendre des « bonnes » (ou des mauvaises) grâces de l'Etat pour obtenir des financements durables.Je suis d'accord avec ceux qui suggèrent de mener une campagne identique à celle qui fit reculer Dominique de Villepin sur le CPE. Par la mobilisation des parlementaires, des élus locaux, des Partis politiques (PS, PCF, Verts, PRG, MODEM) des Françaissans parti mais attachés à un bien collectif précieux, nous pourrons faire reculer ce pouvoir cynique et liberticide.