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Résultats des prud'homales : Echec des "réformistes" et nouvelles voies à trouver

Publié le 04 décembre 2008 par Slovar
Chez Slovar, nous ne bouderons pas notre plaisir de voir la progression de nos amis de la CGT et de l'Union Syndicale Solidaires qui représentent pour beaucoup de salariés le dernier rempart contre le compromis "mou" ou des ambitions de reconnaissance.
Les résultats les plus actualisés que nous possédons indiquent les résultats suivants
CGT en progression de 1,6 point à 33,8%,
CFDT, en baisse de trois points à 22,1%,
FO, en recul de 2,3 points à 15,9%,
CFTC s'effrite recul de -0,7 point à 8,9%,
CFE-CGC progression de 1,2 point, à 8,2%,
Unsa (syndicats autonomes) gagne 1,2 point, à 6,2%
Union syndicale Solidaires, (inclut SUD) passe de 1,5% à 3,8%.
Si, comme on a pu le lire, la CGC et l'UNSA fusionnent, ils représenteront 14,4% ce qui les rapprocherait de la troisième place en termes de représentativité.
Bien que François Chérèque ait indiqué ce matin sur Europe1 qu'en regardant les votes organisés dans les entreprises, la CFDT a ... presque gagné, le constat est sévère pour son approche "réformiste" Utilisant sans grande conviction la langue de bois de nos politiques, il refusait même d'accepter le fait que l'accord sur la réforme des retraites (concédée en échange d'une hypothétique adaptation sur la pénibilité du travail) pouvait être une des causes du recul que nous qualifierons d'échec.
Comment François Chérèque peut-il d'un revers de main balayer les accords qu'il a lui même signé ?
Nous avions abordé ce sujet dans un article de Slovar les Nouvelles "CFDT à la recherche du paritarisme perdu"
Extraits :
La loi Fillon du 21 août 2003 réforme les plus importants régimes de retraites ... / ...
En 2003, La CFDT a approuvé la réforme des retraites.
© CFDT (communiqué de presse mis en ligne le 20 novembre 2003) -Le Bureau national de la CFDT, réuni jeudi 20 novembre 2003, a décidé à l’unanimité de signer l’accord sur les retraites complémentaires. La CFDT se félicite que cet accord rende effectifs les acquis de la réforme du régime de base, engagée en mai dernier :
- le droit à la retraite à 60 ans est enfin pérennisé ;
- 500 000 salariés ayant commencé à travailler à 14, 15 et 16 ans vont pouvoir partir à la retraite avant 60 ans, d’ici 2008. C’est la plus grande avancée sociale dans notre pays depuis la RTT ;
- ces 500 000 départs précoces à la retraite représentent une mesure majeure pour des dizaines de milliers de salariés qui vont trouver un emploi ;
- enfin, l’accord garantit le pouvoir d’achat des retraites puisque celles-ci évolueront au minimum comme les prix.
La CFDT rappelle avec force au gouvernement qu’il doit tenir les engagements pris concernant les fonctionnaires. La CFDT exige que les contreparties qu’elle a obtenues pour les fonctions publiques soient mises en œuvre très rapidement. La première mesure à prendre est de permettre aux fonctionnaires qui ont commencé à travailler très jeunes de partir à la retraite avant 60 ans, dans les mêmes conditions que dans le privé ... / ...
En 2005, quel accord sur l'emploi des seniors la CFDT a t-elle signé ?
"Emploi des seniors-L'accord national interprofessionnel relatif à l'emploi des seniors, finalisé le 13 octobre 2005 a été paraphé dans la nuit du 8 au 9 mars 2006 par le patronat, la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC. La mesure phare de cet accord, conclu au terme de sept mois de négociations, est la création d'un « CDD senior », entré en vigueur depuis la publication du décret au Journal officiel du mardi 29 août .
Le « CDD senior » est un contrat à durée déterminée (CDD) pour les personnes âgées de plus de 57 ans en recherche d’emploi depuis plus de 3 mois ou bénéficiant d’une convention de reclassement personnalisé. Ce contrat est d’une durée maximale de 18 mois, renouvelable une fois pour une durée déterminée qui, ajoutée à la durée du contrat initial, ne peut excéder 36 mois.
Pour mémoire, le Bureau national de la CFDT avait émis, le 10 novembre 2005, un avis favorable à ce projet d'accord mais il avait réservé sa signature à l'engagement du gouvernement de ne pas modifier les termes de l'accord à l'occasion de la discussion du plan d'action quinquennal sur les seniors. Finalement, le 19 janvier, la CFDT avait annoncé sa signature, estimant avoir obtenu du gouvernement les garanties qu'elle souhaitait, le gouvernement s'étant engagé à ne pas étendre le CDD senior à d'autres catégories de chômeurs.
Pour mémoire, le nombre de CDD seniors n'a pas atteind les 20 depuis sa création. Belle performance du paritarisme cher à la CFDT ... / ...
En pourtant en 2008, François Chérèque jouait à l'étonné dans une interview au journal Les Echos
Les Echos -Le Premier ministre affirme que le passage de 40 à 41 ans de la durée de cotisation d'ici à 2012 est inscrit dans la loi de 2003...
François CHEREQUE -François Fillon est amnésique. Il omet systématiquement de rappeler que la loi permet de différer le passage à 41 ans en fonction, entre autres, de l'évolution de l'emploi des seniors. La CFDT est fidèle au texte de 2003, et elle est un peu la seule aujourd'hui, en acceptant le principe de l'augmentation de la durée de cotisation, mais en le conditionnant à une amélioration du taux d'emploi des 55-64 ans, qui n'est que de 38 % en France.
Les Echos -Comment y parvenir ? Avec un système de bonus-malus, comme le préconise Xavier Bertrand ?
François CHEREQUE - ... / ...Nous avons une opportunité historique de changer totalement l'organisation du marché du travail avec les négociations sur la gestion prévisionnelle des emplois, la formation professionnelle, l'assurance-chômage et la pénibilité. L'emploi des seniors doit à chaque fois être une priorité, en négociant sur l'ensemble du parcours professionnel des salariés.
Foi du charbonnier ou très grande naïveté ? En effet, les syndicts d'employeurs bloquent toute négociation en ce qui concerne la pénibilité. Ainsi Madame Parisot déclarait ce matin : "... / ... Nous ne pouvons pas considérer que quelqu'un qui rassemble ces critères ait d'emblée accès à une préretraite. Il doit y avoir un examen individuel de la situation, par une commission médicale"
La réalité est là : Le gouvernement par l'intermédiaire de François FILLON et Xavier BERTRAND ont utilisé et instrumentalisé la CFDT. Ils étaient néanmoins dans leur rôle. En ce qui concerne la CFDT, il est néanmoins nécessaire de se poser une question : L'envie d'être l'interlocuteur des pouvoirs publics a t-il fait oublier à la CFDT cette instrumentalisation ?
On notera que La CGC ravit à la CFDT la première place chez les cadres avec 27,9% des voix dans la section "encadrement". Et là, il n'y a pas de mystère. On n'a absolument pas entendu la CFDT sur le sujet du forfait cadres qui doit s'appliquer en Janvier 2009 et qui remettrait en cause RTT et jours fériés pour les cadres.
Le revers de la médaille pour tous les syndicats de salariés, c'est la participation,
De 63,2% en 1979, à 32,7% en 2002, on obtient 25,5% en 2008.
Des raisons ?
Elle sont nombreuses mais certaines sont plus prégnantes que les autres
- 97% des entreprises françaises ont moins de 20 salariés dans lesquelles aucune obligation syndicale n'est obligatoire mais où les syndicats sont totalement inopérants.
- La grève qui représentait un moyen de pression sur les employeurs a perdu de son efficacité et se trouve réservée aux très grandes entreprises. Or sans l'arme de la grève comment faire aboutir les revendications des salariés ?
- Le compromis entre certains syndicats et le gouvernement qui ont permis de faire baisser le niveau des avantages sociaux sans réelle contrepartie ont semé le doute chez beaucoup de salariés. Une clarification définitive de l'affaire UIMM aiderait certainement à lever certains de ces doutes.
- Quelle place pour les chômeurs dans les syndicats. Désocialisés rapidement, les chômeurs ne trouvent pas de réponse publique et forte de la part des syndicats de salariés. Or, les chômeurs pouvaient voter pour ces prud'homales. Rappelons la phrase de Coluche "Un chômeur qui vote, c'est comme un crocodile en visite chez un maroquinier"
- Les nombreux plans sociaux qui frappent toutes les entreprises françaises et sur lesquels les syndicats même les plus en pointe en termes de lutte ne peuvent plus rien faire occupent une place de plus en plus importante dans le désintérêt global.
- Le manque d'unité entre syndicats. Le défilé du 1er mai qu'on doit requalifier en défilés de la désunion est à lui seul un découragement pour les salariés.
L'économie s'est mondialisée et c'est l'OMC qui est devenu un des principaux juges arbitres. l'Union européenne permet de déplacer sans aucune contrainte usines et brevets, la majorité parlementaire a laminé le code du travail et ne fait que déposer quotidiennement des amendements directement issus de livres blancs ou de rapports remis par les organisations patronales ou leurs fondations et think tanks.
Alors, quelles réponses les syndicats peuvent-ils apporter à ces salariés qui de la colère sont progressivement en train de tomber dans le fatalisme ?
Nous terminerons cet article par les résultats du collège employeurs
La participation est en hausse puisqu'elle progresse : 31,25%, contre 26,6% en 2002.
Bien que de fortes distensions subsistent entre les organisations d'employeurs (MEDEF et CGPME notamment sur le travail du dimanche) on constate que l'union a été réalisée pour partie
Les listes d'union - Medef, CGPME, FNSEA (agriculteurs), UPA (artisans), UNAPL (professions libérales) - reculent de près de 8 points tout en restant largement majoritaires à 72,1%,
Un fait nouveau cependant qu'il ne faut pas négliger : Les employeurs de l'économie sociale (Mutuelles, scop, associations) progressent de 7,7 points à 19%, ce qui ne les mets pas encore en position de peser sur le débat lors des rencontres entre partenaires sociaux mais est significatif pour des entreprises dont le modèle économique est différent.
Les salariés ont-ils eu tord de bouder cette élection ? On serait tenté de dire oui, car les résultats vont impacter directement leur vie.
En effet, de ces résultats va découler la fameuse réforme de la représentativité syndicale. Celle-ci porte sur la question des critères de représentativité, mais aussi sur les conditions du dialogue social, la négociation dans les PME, la validation des accords collectifs, le financement des organisations syndicales, la formation syndicale et la carrière des représentants des salariés - Source Vie Publique
Quoi qu'il en soit, les urnes ont parlé et les élus ont à présent un mandat. Car, ne perdons pas de vue que les élus de ces prud'homales vont devoir arbitrer des conflits entre salariés et employeurs et malheureusement, compte tenu de la crise économico financière, ils risquent d'avoir beaucoup de travail.
Source résultats
Le Monde

Libellés : elections, emploi, justice, syndicats


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