D’après Les Échos, EDF devrait annoncer un surcoût de 20 % de la facture de l’EPR actuellement en construction à Flamanville (Manche). Pour Greenpeace, l’industrie du nucléaire a imposé il y a trois ans l’EPR de Flamanville en prétendant que le nucléaire est l’énergie la plus compétitive, la moins chère… Il n’en est rien ! Depuis des années, des associations et experts indépendants contestent cette vision optimiste et irréaliste des coûts du nucléaire.
« Aujourd’hui, la réalité des chiffres vient balayer plusieurs années de propagande du lobby français, déclare Frédéric Marillier, de Greenpeace France. Dans ce contexte, il est intolérable que l’Etat continue de préparer le lancement de la construction d’un deuxième EPR sur le sol français. »
Les coûts explosent…
Annoncés à hauteur de 3,3 milliards d’euros, ils vont dépasser les 4 milliards. Et le coût du kilowattheure devrait gonfler à 55 €/MWh, contre 46 €/MWh annoncé en 2006 par EDF et même moins de 30 €/MWh avancés dans l’étude des « coûts de référence » du ministère de l’Industrie, en 2003. L’EPR de Flamanville n’est donc pas la technologie la moins chère comme annoncée depuis plusieurs années.
« Depuis plusieurs années, nous baignons dans un discours triomphaliste, qui présente le nucléaire, et en particulier l’EPR, comme la technologie la plus économe, reprend Frédéric Marillier. Sur le chantier français, les problèmes s’accumulent et le délai actuel de 54 mois est impossible à tenir. EDF risque d’annoncer un report de la mise en service de l’EPR, ce qui risque de faire encore grimper la facture. »
Et en Finlande, la compagnie d’électricité Teollisuden Voima (TVO) vient de confirmer que le démarrage du réacteur EPR qu’Areva est en train de construire sur le site d’Olkiluoto n’aura lieu qu’en 2012, donc avec trois ans de retard, ce qui ferait grimper le coût total du projet de 50 %.
Problèmes en cascade à Flamanville
Les lettres d’inspection émises par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) le confirment. Dans les derniers rapports, on peut constater à propos du « liner » (la coque métallique de protection du réacteur) des « pertes d’épaisseur par délaminage liées à une corrosion de plusieurs zones d’éléments préfabriqués de la bassine du liner », « plusieurs opérations de meulage étaient en cours sur la zone du gousset, traduisant ainsi des réparations de défauts », « pour les nœuds de soudure : le taux de réparation est de 32 % pour des contrôles radiographiques effectués à 100 %, alors qu’il n’est que de 4,7 % en usine ». Et les inspecteurs de conclure : « la situation en matière d’organisation et de traçabilité du contrôle des opérations de soudage du liner sur le chantier reste encore grandement perfectible ». Quant à la construction de la galerie de rejets des effluents radioactifs, elle accumule déjà un an de retard, officiellement reconnu par EDF.
Avec la PPI, l’État français avance vers un 2e EPR à marche forcée
Le gouvernement feint d’ignorer ces problèmes et continue de préparer la suite de programme EPR, comme si de rien n’était. La révision de la Programmation pluriannuel des investissements (PPI) est actuellement en cours et devrait planifier un second EPR, selon les souhaits du Président Sarkozy. À cette fin, le ministère de l’Écologie et de l’Énergie (Meeddat) a publié une synthèse d’une nouvelle étude des coûts de référence. Comme en 2003, ce rapport présente l’EPR comme la technologie la moins chère et prend comme référence… l’EPR de Flamanville !
« Le fiasco de l’EPR de Flamanville et de son cousin finlandais doit pousser le gouvernement à revoir sa copie. Ça devient ridicule de crier haut et fort partout que l’EPR n’est pas cher, poursuit Frédéric Marillier, surtout quand EDF ose par ailleurs réclamer une hausse des tarifs d’électricité pour soutenir ses investissements et donc éponger les surcoûts de l’EPR ! »