Sebb nous donne son point de vue de lecteur doublé d'un amoureux de la liberté d'expression. Il n'y a pas de quiproquo, loin d'être du racisme, c'est du second degré, certes très provoc ! Mais rien de politique dans le sens engagé du terme.
Gasface, magazine indé dit hip hop (mais pas que) se retrouve en pleine galère à cause de leur 6e numéro (automne 2008) dont le gros titre à l'origine de l'embrouille est « Ils dansent mal ! Ils sont méchants !! Ils sont partout !!! Même Barack Obama en est à moitié un… Faut-il avoir peur de ces enculés de Blancs ? »
Les NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne) jugeant l'intitulé raciste réclament le retrait des ventes du magazine. Le ministère de l'intérieur aurait approuvé dans un premier temps puis démenti ensuite. Dans un joyeux bordel, kiosquiers et buralistes se retrouvent seuls à réellement décider de l'exposition ou non de Gasface. Apres L'Affiche, Radikal et Get Busy, qui sera l'enculé (pardon) suivant ?
Bonne accroche, ça m'a fait sourire. Le buraliste aussi. La couverture du numéro précédant jouait déjà la carte de la provocation : Un mec au visage voilé par le drapeau des USA, son propre flingue sur la tempe, censé représenter le déclin de l'empire américain.
Mais cette fois ci, c'est par le choc des mots que Gasface essaye de se distinguer des torchons pseudo hip hop annihilé par le fanatisme primaire et le marketing. Tiens, je me prends à imaginer ... "Après Salut Les Copains, voici Wesh La Famille, le magazine du hip hop avec cette semaine Lord Kossity qui nous livre un témoignage bouleversant" ... Bref. Il fallait bien ce peu pour sortir du lot : « Faut-il avoir peur de ces enculés de blancs ? ». Sur, cela va choquer mémé, elle qui vient remplir sa grille de Loto "et une sucette pour Kevin, mon petit fils s'il vous plaît". Mais ceux qui connaissent le ton du canard, il y a tout de même fort à parier qu'ils glissent l'objet du délit entre un paquet de clopes et des Rizzla. Puis ce dossier en question, Fear Of A White Planet (coucou Chuck D & Flavor Flav), c'est un peu plus de vingt pages avec des petits blancs en abondance ! Il en pousse partout !! Seth Gueko, le futur disque d'or du rap français, talent brut, second degré, se décrivant entre Mobb Deep et Louis de Funès, tout un programme. Alchemist, revenant sur quelques sons de ces huit dernières années alors que Marco Polo inaugure un nouveau type éditorial, le "real- roman-photo" « Vis Ma Vie de producteur feat Torae, mc de talent ». Puis enfin Scott Leemon, l'avocat des rappeurs un peu surmenés et armés.
Dénouement de la rubrique, citation de Lauryn Hill, juste surmenée, elle, "Je préférerais encore que mes enfants crèvent la dalle plutôt que des blancs achètent mon album" (trop tard). La réponse d'Eminem, le sosie d'Elvis en baggy "J'ai acheté l'album de Lauryn, comme ça ses enfants peuvent crever la dalle" Happy End.
Demandez Gasface.