Dans un article publié hier sur son site, le magazine l'Express traite du déficit de l'Assurance maladie. Pour l'auteur, le déficit n'est pas seulement dû au vieillissement de la population mais également à un système mal organisé qui permet des petits arrangements, des abus et même des fraudes. Il cite pêle-mêle les arrêts maladies abusifs, les fausses ordonnances, les hôpitaux publics et, accrochez-vous chers confrères et consoeurs qui avez accueilli vos patients dès potron-minet, les fameux laboratoires d'analyses médicales. Pour être rigoureux, je reprends texto les quelques lignes de l'article consacrées aux labos :
"Les laboratoires d'analyse biologique sont montrés du doigt, souvent à juste titre : ils bénéficient d'importants gains de productivité, grâce à la quasi-automatisation des principaux examens remboursés. Mais ils ne les répercutent pas sur leurs prix. Chaque année, la Sécurité sociale négocie avec eux des baisses de tarifs (94 millions d'euros en 2007). « On est encore loin du compte », fait valoir un bon connaisseur du dossier."
Au moment où le Président de la République (ou ses conseillers ?) écrit à l'Intersyndicale des biologistes en réponse à leur courrier du 13 octobre dernier paru dans le Monde pour dire en substance qu'il a entendu leurs protestations concernant la réforme, voilà qu'"un bon connaisseur du dossier" les accuserait presque dans cet article d'abuser la Sécu. Les mêmes arguments et la même rhétorique que ceux de l'article de Capital sont utilisés à savoir : la notion de gain de productivité et le fait que les biologistes ne repercutent pas l'écart supposé entre le prix de revient des analyses et le tarif de remboursement par la Sécu. Cette rhétorique était celle du fameux rapport Lalande de 2006.
Pourquoi les journalistes ne prennent pas le temps de vérifier les informations à charge auprès des représentants de la profession ? Pourquoi ne laissent-ils pas la place au débat contradictoire ? Comment peut-on laisser supposer que tous les professionnels assermentés que sont les biologistes sont là uniquement pour s'engraisser sur le dos de la collectivité ? Pourquoi ne pas appliquer ce raisonnement aux radiologues qui ont eux aussi optimisé leur chaîne de production d'images sans répercuter sur leurs tarifs les gains supposés ?
Il y a eu durant les dernières années un déficit de communication des biologistes vers la population. Nous aurions dû mieux expliquer notre métier dont dependent 80% des décisions médicales. Et peut-être même investir les magazines féminins en envoyant nos plus "belles gueules" et plus charmants minois expliquer les avantages d'un laboratoire de proximité, humain et compétent (pas chez Marie-Claire où nous aurions déja été comparés à des compagnies low-cost black-listées).
Est-ce qu'il y a une norme ISO pour la communication ? Parce que tant qu'à suer sang et eau pour appliquer la norme 15189 autant en profiter pour améliorer l'image de marque de mon laboratoire en particulier et celle de la profession en général.
GdM