Pendant ces courts congés, quelques lectures des éditions d’Olivier Gallmeister, un jeune éditeur, au goût très sur, marqué par les romans d’aventures de son enfance, les grands espaces et la littérature américaine. Parmi ses dernières publications, le livre d’Alan Tennant, «En vol» dont je vous ai déjà parlé, sur le voyage en Cessna de deux zigotos à la poursuite d’un faucon pèlerin en migration aux travers des Etats-Unis et des pays d’Amérique centrale.
Puis, j’ai enchaîné sur «Une guerre dans la tête», cet extraordinaire journal de Doug Peacock à la recherche du souvenir de l’écrivain Edward Abbey, son mentor. Après l’avoir enterré, illégalement, dans un canyon du désert d’Arizona à sa demande, il revisite des paysages en tentant de retrouver l’esprit de son ami afin d’oublier ses propres affres, de sérieuses séquelles de la guerre du Vietnam. Edward Abbey avait utilisé la personnalité de Doug Peacock, et l’avait ainsi célébré, dans le personnage de George Washington Hayduke, héros anar et écolo, tendance terroriste, qui fit tant pour élever au statut de chef-d’œuvre son grand roman «le Gang de la clé à molette». Ses descriptions de la nature en général, de ses tentatives de rencontres de grizzlis, et de sa fascination pour les anciennes tribus de “Native Americans”, ne sont pas prêtes de quitter mes souvenirs. Son parcours sur un terrain militaire, lieu présentant l’indéniable avantage d’éviter les rencontres, du moins celle d’humain, est une ode aux grands déserts, et une vindicte à la stupidité de la vanité humaine. En fait, ne s’agirait-il pas d’un profond repli sur soi par un retour aux sources originelles du peuple américain. J’aimerai espérer que « la guerre dans la tête » est bien celle de l’Amérique et non celle de l’unique Doug Peacock. Après l’impact des mouvements comme «Earth First !» ou «Earth Liberation», il est possible de l’espérer.
Je suis resté dans le même état d’esprit avec «Le Livre de Yaak», un essai de Rick Bass, qui fait ainsi une infidélité aux Editions Actes Sud pour Gallmeister. Une série de nouvelles – c’est toujours ainsi avec Rick bass – relatant l’évolution d’une vallée du Montana ou l’auteur a élu – et c’est bien le terme approprié - domicile à la fin des années 80. Sans patho, avec bon sens et discernement, Rick Bass pose ces deux questions :
• Pourquoi des entreprises privées possèdent-elle le droit de s’approprier l’espace naturel de toutes sortes de vies, y compris humaine, afin de la raser.
• Pourquoi l’humanité ne comprend pas que pour vivre, elle a, de façon vitale, la nécessité d’un monde à l’état brut.
Après avoir terminé le livre, j’ai envoyé un mel au sénateur du Montana pour apporter ma contribution à la protection de la vallée de Yaak (http://tester.senate.gov/Contact/index.cfm).
Puis je suis allé me promener sur les bords de la Massane.