Pour lui, il serait "irresponsable" de dévoiler à l'opinion publique les banques qui ne joueraient pas le jeu en matière de crédit. Pourtant, c'est exactement ce que Nicolas Sarkozy lui avait demandé de faire. Le chef de l'Etat l'avait encouragé à ne pas hésiter "d'aller devant les médias pour dénoncer les exemples de restriction inacceptables de crédit".
Nouvelobs.Fr
Le médiateur du crédit René Ricol a affirmé, mercredi 3 décembre, qu'il ne voulait pas "clouer au pilori" une banque qui se montrerait récalcitrante à "jouer le jeu" en matière de crédit, estimant qu'"il ne faut pas être irresponsable".
"Je ne vais pas m'amuser à clouer au pilori une banque qui a des dizaines de milliers d'emplois derrière, ce n'est pas le sujet", a-t-il expliqué à l'issue d'une rencontre avec des responsables d'agences bancaires du XVe arrondissement de Paris.
Pourtant, le 30 octobre dernier, Nicolas Sarkozy avait lui-même pressé les banques de ne pas restreindre le crédit aux entreprises, menaçant d'exposer à l'opinion publique celles qui ne joueraient pas le jeu après le plan de soutien massif dont elles ont bénéficié de la part de l'Etat.
"J'appelle les banques à leurs responsabilités", avait-il dit, estimant qu'elles avaient passé un "pacte moral" en s'engageant sur la distribution de crédits après la mobilisation, par l'Etat, de 360 milliards d'euros de garanties et de capitaux en leur faveur.
Le chef de l'Etat avait encouragé René Ricol, qu'il venait de nommer au poste de médiateur du crédit, de ne pas hésiter "d'aller à la télévision et devant les médias pour dénoncer les exemples de restriction inacceptables de crédit dans chaque département et de la part de chaque établissement". "On comparera alors qui fait son travail et qui ne le fait pas", avait encore dit Nicolas Sarkozy.
Ricol refuse de dévoiler l'identité des banques fautives
René Ricol avait indiqué, lundi, avoir eu une "explication" avec HSBC France qui ne s'estimait pas, selon lui, "liée par les engagements de la Fédération bancaire française" dès lors qu'elle n'avait pas demandé à bénéficier d'une injection d'argent public.
Interrogé mercredi pour savoir si certains établissements se distinguaient par le nombre de dossiers les concernant, il a refusé de donner des chiffres par banque, "parce que cela ne fait pas sens aujourd'hui". "Ce ne serait pas correct, on est sur trop peu de dossiers", a-t-il ajouté.
Selon le médiateur, en cas de problème avec un établissement, il faut "appeler le patron de la banque et lui dire qu'il faut faire quelque chose", plutôt que de communiquer publiquement son identité.
"J'ai le sentiment que les banques jouent le jeu", a estimé René Ricol. "Cela va un peu mieux, il y a de l'écoute", a-t-il ajouté.
"Vilains petits canards"
Concernant le nombre de dossiers traités, René Ricol a de nouveau évoqué plus de 1.500 dossiers, comme il l'avait déjà fait lundi.
"On ne peut pas juger si c'est beaucoup ou pas", a-t-il dit. Pour que des dispositifs rentrent dans la tête des gens, des entreprises, il faut entre plusieurs mois et un an".
Il considère que "90% des dossiers aujourd'hui sont les mêmes que ceux qu'on aurait vus avant la crise", le reste étant en revanche bien lié à la crise.
Lors de sa rencontre avec les responsables d'agences bancaires, René Ricol a été interpellé par l'un d'eux, qui lui a demandé de "faire remonter le message" selon lequel les banquiers s'attachaient à "répondre aux besoins de leur clientèle".
"On a l'impression d'être les vilains petits canards", a lancé le banquier, alors que la profession est accusée de conduire les entreprises à la faillite en se montrant très réticente à accorder crédits et découverts