Les deux principes fondateurs de la Nullitude

Publié le 04 décembre 2008 par Collectifnrv

II

Les deux principes fondateurs de la Nullitude

1er principe de la nullitude :

le principe théorique.

Ce point est à proprement parler « essentiel » et il conduit à identifier une des novations les plus caractéristiques de la gauche morale (et de son « parti pris ») : la construction renouvelée, permanente, continuée dirait Descartes, d’un débat « nullifiant » ; autrement dit un débat organisé sur le modèle des opérations à somme nulle, c’est à dire concrètement : produisant continuellement cet état de nullité par rapport auquel il conviendra de se « positionner », et qui permettra de fixer en permanence le « critère de nullité » , indispensable à l’être continué de la nullitude.

Comme on voit : l’enjeu est de taille pour la gauche morale (et son « parti pris »), et c’est pourquoi il faut saluer la remarquable efficacité de la méthode qui a permis de garantir la permanence, la pérennité de ce « substrat ». Cette innovation méthodologique sans précédent dans l’histoire des idées et de la politique a consisté à poser comme principe de base de « dépassement des contradictions » :

la nécessité qu’elles ne puissent déboucher que sur une annihilation mutuelle des positions antagonistes ou, idéalement, sur une annihilation équivalente de la contradiction elle-même.

Avec la conception de cet astucieux contournement « stratégique » du rationalisme hégéliano-marxisme ( l’ennemi absolu), la gauche morale se dote donc d’un moyen de circonvenir le « moteur de l’histoire » : les contradictions ne requièrent plus d’être dépassées par « autre chose », ou un « nouvel état des choses », un « devenir », elles vont se résoudre par « auto-néantisation » en quelque sorte « réciproque ».

2ème principe de la nullitude :

le principe pratique.

Une fois ce brillant principe théorique posé (tel les dogmes de l’église il fallu quand même quelques congrès/conciles et un peu de temps pour ça ) , encore fallait-il décrire une  méthode débouchant sur une pratique applicable et pérenne susceptible de mettre ce principe « en actes ».

C’est la deuxième innovation remarquable à mettre au crédit de la gauche morale (et de son « parti pris ») :

désormais les questions débattues, problèmes soulevés et toutes les suites, conclusions ou conséquences auxquelles elles pourront aboutir, devront se soumettre à un second impératif, pratique celui-là :

ne pouvoir aboutir qu’à une annihilation réciproque, une somme nulle, ou idéalement la disqualification de l’objet du débat en tant que présentant quelque pertinence ou conséquence que ce soit dans l’ordre de ce qu’on appelait naguère le "choix de société" (une « conception positive de la vie que l’on veut vivre » permettant d’orienter l’action politique qui y conduirait).

Désormais auto-suffisante en matière conceptuelle, la gauche morale (et son « parti pris ») va pouvoir résoudre ses deux principaux problèmes :

comment s’identifier, se distinguer de « la droite » tout en abandonnant tout ce qui pouvait  la qualifier comme « à gauche »,

et singulièrement en abandonnant toute prétention à l’émancipation et toute mesure ou initiative de nature à contester l’organisation et la logique capitaliste .

Comment, grâce à la mise en œuvre systématique de la nullitude, la gauche morale va-t-elle satisfaire ce double objectif ?

C’est ce que nous allons voir dans le troisième et dernière partie.

Urbain