Dans un article intitulé The Truth about Hypocrisy: Scientific American (Posted using ShareThis) le magazine Scientific American propose un discussion intéressante sur la valeur d’une affirmation faite par une personne que les faits permettent par la suite de qualifier d’hypocrite.
Le premier résultat de l’accusation d’hypocrisie (se comporter d’une manière contraire aux comportements que l’on recommande), est de discréditer la personne qui se comporte d’une manière hypocrite. En faisant cela, ses adversaires (et c’est très typique dans le cas d’Al Gore) tentent de décrédibiliser le message que l’hypocrite fait passer. Or il est évident que le message, lui, peut garder toute sa valeur.
Dans le cas du père fumeur, il est d’autant plus valable que le père est sans doute le premier à savoir combien sa dépendance représente pour lui même un risque. Dans le cas d’Al Gore, on retiendra qu’il “achète” des certificats verts pour compenser sa consommation de CO² qu’il justifie par son efficacité dans la cause qu’il défend.
Il y a pour moi une leçon à retenir pour notre vie de tous les jours - et aussi pour notre travail de médiateur. Lorsque nous avons devant nous des gens en conflit, l’argument d’hypocrisie est souvent soulevé par une partie à l’égard de l’autre: “C’est facile de venir me dire maintenant que je devrais vous payer vos factures dans les 10 jours de leur réception, mais c’est un peu oublier que vous avez vous-même un retard de payement tellement important vis à vis du fournisseur X qu’il refuse de vous livrer”. Faut-il pour autant en déduire que le paiement d’une facture dans les délais convenus est une règle sans valeur ?
Faisons donc attention à notre réaction initiale face au discours d’un hypocrite. Séparons d’abord le discours de celui qui parle, et examinons si le principe proposé nous parait valable. Si c’est le cas, mettons le en avant et voyons comment les deux parties peuvent s’engager à le reconnaître puis à le respecter.
Cela nous aidera d’ailleurs à sortir d’un autre cercle vicieux de la négociation en situation de conflit. Combien de fois ne nous trouvons pas enfermés dans un cercle vicieux qui nous empêche d’accepter un engagement de l’autre parce que par le passé il n’a pas tenu un autre engagement. Et ou l’autre nous rétorque qu’il n’a pas tenu son engagement dans le passé parce qu’il voyait déjà à l’époque que de toute manière, nous ne lui ferions pas confiance…
Comme toujours en négociation, apprenons à faire la part entre la personne, les faits et les principes. Et ne revenons vers la personne qu’après avoir obtenu un accord sur les principes et sur les faits qui peuvent en mesurer la portée.