Paradigm et Aquarian Moon, en 2001 et en 2006, furent l'illustration, sur long format, des belles dispositions du monsieur. Ses productions, lorgnant par moment du côté de la deep house, se distinguent par une classe incroyable mais surtout par un sens inné du groove. Nourries d'influences « black », elles rayonnent et éblouissent, irresistibles invitations à l'élévation spirituelle aussi bien qu'aux dandinements du dancefloor. Arrangements électro, soul, funk, jazz y fusionnent, en parfaite synbiose.
Elements Beyond, dernier disque du New Yorkais, sorti en 2007 aux States et parvenu dans nos contrées cette année par le truchement de D:Vision, poursuit son oeuvre bienfaitrice sur Terre. Sans réellement se distinguer des autres LP, il ne laisse cependant transparaître aucune faiblesse et s'avère un piège imparable pour tout amateur de house délicate et richement instrumentée. Il révèle également une pure balle, “My reflection”, récemment éditée en maxi.
L'album s'ouvre avec “A cloud mist” et ses basses appuyées. Plage ambiante, soutenue par d'intermittents errements vocaux quasi-tribaux, une ligne de percus efficace et de délicieux jaillissements de violons, elle n'autorise aucune tergiversation. Nous sommes bien à l'écoute d'une galette griffée “Osunlade” et cet incipit goûtu laisse d'ores et déjà présager d'une livraison de qualité. “A monk's tear” confirme, dans un style plus aérien et mystique, cette première impression. Comme à l'accoutumée, l'Américain décline une large palette de percussions africanisantes, agrémentée d'incursions soul, jazz ou funk. Ici, des accords groovy de guitares électriques.
Le musicien raconte en interview qu'il fût bercé enfant par le titre “Rapp payback” de James Brown (écouter sur Deezer) puis bouleversé, durant l'adolescence, par “Controversy” de Prince (écouter). On ne peut en douter à l'écoute du très funky et très justement nommé “Momma's groove”, cinquième titre du disque. Ambiance live, grosse voix soul, ligne de basse wah wah irrésistible et solo de sax', tout est là. La constante demeure une nouvelle fois l'emploi extensif et judicieux de djembés, accordant encore davantage de chaleur à cette succulente track. Le terrain est idéal pour l'entrée en piste de la pièce suivante, “My Reflection”, inconstestablement un des sommets d'Elements Beyond.
Par ses parties chantées soulful et mélodiques, et en particulier l'utilisation d'une voix féminine (la poétesse américaine Divine Essence), ce titre de house capitonnée s'incrit d'emblée dans la lignée des productions Strictly Rhythm des années 90 (Masters at work, Ultra Naté, DJ Pierre...). Ses boucles rythmiques incessantes, truffées de breaks et accompagnées de furtifs riffs de guitares, donnent néanmoins à l'ensemble un vernis plus contemporain. Le groove d'Osunlade est toujours présent et l'exercice de séduction se diffuse tel un fluide dans nos veines. Et l'on se dit alors qu'il est si bon de retrouver les inspirations des anciens, la fraîche beauté et le confort des luxueuses productions house des 90's, trop souvent injuriées de “commerciales”.
Luxe et confort, Osunlade les perpétue au fil de ses dix titres, dans un registre house vocale mâtiné des rayons grisants d'un soleil d'Afrique ou d'Amérique latine. Pour autant, il ne délaisse pas ses penchants deep. En témoignent les dix minutes trente de plongée de “Frequencies” ou la lanscinante, quoique toujours funky, “Queen's battle”. La messe du seigneur new yorkais est dite. Le compositeur signe là un album tout aussi réussi qu'indispensable pour éclairer les soirées de ce triste début d'hiver.
En bref : Le New Yorkais Osunlade parfait sa belle discographie house. Il délivre un nouveau récital électronique truffé d'inspirations “black music”, au fort parfum d'Afrique, confirmant ainsi son incroyable sens du groove. Hautement recommandable, tout comme ses précédents albums.
Momma's groove.mp3
A monk's tear.mp3
Le myspace d'Osunlade
A lire : section house
Le clip de « My reflection » :