Quand elle était petite, sa mère lui disait : "Mon Jésus." Ce que la petite fille restituait phonétiquement en "mon zizi". Plus tard, Sam Goldwyn, qui sera le "G" de la M.G.M. à Hollywood, en fera le prénom de la star, qui se prénommait jusqu'alors Renée. Sa carrière de petit rat démarre avant-guerre, dans le bal des négriers de Aïda, sur les planches de l'Opéra de Paris. Elle y a rencontré son compagnon de toujours, Roland Petit, lorsqu'elle avait neuf ans. Elle en claque la porte dix ans plus tard.
Bien lui en prend, car la carrière de la danseuse va passer par Broadway et Hollywood, et connaître les accents du scandale et de la gloire, comme avec cette Carmen que les Canadiens jugent "trop érotique". Cette femme à laquelle Howard Hughes faisait une cour effrénée, qui a connu les plus grands talents de la scène américaine et française, a su rester d'une spontanéité rafraîchissante, que l'on retrouve dans le très joli cahier photo qui accompagne son témoignage.Intimité
Depuis longtemps, les Mémoires de Zizi Jeanmaire étaient très attendus. La danseuse a été chaperonnée par plusieurs grands écrivains ou journalistes, qui entendaient revisiter sa vie à quatre mains. C’était compter sans la spontanéité de cette femme éprise d’authenticité. Mais loin de la faire renoncer, ces expériences l’ont conduite à prendre la plume elle-même. Une heureuse initiative, puisqu’elle a réussi, avec une écriture simple et directe, à raconter une histoire qui n’appartient qu’à elle.