Le constat est ici assez similaire à celui de Jukebox. L’efficacité des musiciens du Delta Blues Band n’est pas à remettre en cause, ni la voix sublime de Chan, toujours aussi enfantine lorsqu’elle monte dans les aigus. La sélection des morceaux, de la soul d’Aretha Franklin au punk-rock celtique des Pogues, s’avère également séduisante et variée. Mais une question brûle très vite les lèvres : qu’apportent ces covers aux versions originales ? Pas grand-chose, à l’évidence. Car les aspérités des compositions sont gommées par un traitement sudiste au rendu soporifique convoquant quasiment à chaque fois piano, orgue et violons. L’exception qui confirme la règle se nomme “Fortunate son “, dont la relecture apporte une lumière intéressante sur ce tube antimilitariste archi-connu de Creedence Clearwater Revival en le réduisant à sa portion congrue. Le morceau devait à l’origine figurer sur Jukebox, au même titre que “Dark End Of The Street”, un classique soul de James Carr déjà repris mille fois. Quant à la fragile et hésitante “Who Knows Where The Time Goes By” de Fairport Convention, elle ressemble tant à une composition de Cat Power que l’on pourrait s’y laisser prendre. Pour le reste, je préférerai toujours écouter la superbe ballade qu’est “I’ve Been Loving You Too Long (To Stop Now)” de la voix même d’Otis Redding, ou laisser à la divine Aretha son “It Ain’t Fair”, en attendant que Chan Marshall daigne nous composer quelques nouveaux morceaux.
En bref : Cat Power pourrait chanter n’importe quoi et le rendre sexy, certes. Mais si, la prochaine fois, elle nous refait le coup des reprises, si belles soient-elles, on va commencer à croire à une panne d’inspiration.
Cat Power - Fortunate Son (Creedence Cover).mp3
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