Grade à vue et petits tracas ...

Publié le 03 décembre 2008 par Chezfab

C’est amusant de voir la presse d’un seul coup se lever comme un seul homme pour dénoncer la garde à vue humiliante du journaliste Filippis.

Je ne dis pas que cette garde à vue et la méthode d’arrestation étaient justifiées, que ce soit clair. C’est une atteinte directe à la liberté et largement disproportionné.

Mais revenons sur la façon dont sont dénoncées les choses. Il serait anormal qu’il ait subi cela car « ce n’est pas un délit important, la diffamation » lit-on souvent. Ai-je bien lu ? Il y aurait donc des délits qui légitimeraient l’arrestation brutale et l’humiliation en grade à vue ?

Soyons clair : aucun délit quel qu’il soit ne légitime de traiter en sous homme une personne.

Mais là où je suis le plus interloqué, c’est de remarquer que les journalistes semblent découvrir que les gardes à vues en France se sont multipliées (de 330 000 en 2002 à près de 600 000 aujourd’hui). Et que les conditions de garde à vue sont dégradantes, humiliantes.

A croire que les nombreux témoignages, les communiqués de presse, les appels de dizaines de personnes et d’associations ne sont jamais arrivés sur les bureaux des rédactions.

N’est ce pas dans Libération que l’on pouvait lire que les visions présentées par les associatifs étaient des réactions de gauchistes ? Ou n’est ce pas monsieur Joffrin qui vient à la radio régulièrement dire « qu’en matière de sécurité, Sarkozy n’a pas si mal travaillé »… Patron de Libération, journal… de gauche (sic)!

Et oui, depuis des années, les grands médias aux ordres des avionneurs militaires ou des barrons n’ont plus fait leur boulot. Pas d’enquêtes, pas de fonds, rien. C’est là le souci ! Il faut que cela touche un membre leur corporation pour qu’enfin ils se rendent compte que la politique sarkozyste est liberticide et dangereuse !

N’oublions pas que c’est la même presse qui s’est enflammée à traiter de terroristes (à la suite de la ministre de l’intérieur) les inculpés de Tarnac ! Terroristes… Rien que cela ! Même si le fait de ferrer des caténaire est réprimandable, où est la terreur ? Et surtout où est l’enquète de ce que l’on appel encore parfois le quatrième pouvoir ?

N’est ce pas cette même presse qui emploie les mots de « prise d’otage » pour parler des retards de trains liés aux grèves ?

N’est ce pas la même presse qui balance à tour de bras que le système doit être sauvé à n’importe quel prix ? Qui habitue les salariés en affirmant que le chômage est une fatalité ?

Alors voilà, il est peut être temps de se réveiller et de constater que la presse des grands groupes en France est aussi libre qu’un chien en laisse !

Mais aujourd’hui elle a trouvé la parade : elle affirme d’un seul son que « grâce à elle et à l’affaire, Nicolas Sarkozy ordonne que soient revus les modes de garde à vue ». Est-ce une blague ? Celui qui a mis en place cette politique du chiffre serait maintenant un chevalier blanc crédible et tout cela grâce à la pugnacité de la grande presse ? On croit rêver !

Les revoilà partis dans la politique habituelle d’enfumage ! Parce que, réellement, que va-t-il se passer ? Le pouvoir va sacrifier une juge, quelques policiers, faire une « commission d’enquête » et tout sera… comme avant !

Comment peut-on encore écrire de telles conneries sans remarquer que l’homme providentiel autoproclamé et appuyé par la presse est celui qui a mis en place tout ce qui fait les dérives d’aujourd’hui ?

Du grand art !

Je vous conseille la lecture du numéro 55 (décembre 2008) du journal « La décroissance », surtout pour l’excellent article sur « l’orwellisation des médias ».

Et pour finir, aujourd’hui, on envoie des chiens policiers accompagnés de leurs maitres dans les classes des collèges, on fait des fouilles au corps avec déshabillage dans un couloir de façon collectives… Et tout cela au nom de la prévention contre la drogue ! A quand un article de fond sur le sujet ? Ou un peu d’indignation ?

Ou faudra t il attendre le premier enfants de 12 ans en prison ?