Auteur : Wilkie Collins
TItre original : The frozen deep
Format : nouvelle
1ère édition : 1873
Ma note:
Résumé :
1845 : On donne un bal à la mairie de Londres pour célébrer le départ de deux navires vers le pôle Arctique, lancés à la recherche du mythique passage du Nord-Ouest et menés par sir John Franklin. 1854 : L’Angleterre est sous le choc. Une enquête vient de révéler le sort de l’équipage dépêché neuf ans plus tôt par-delà le Groenland. Après un terrible hivernage au milieu de L’océan gelé, les hommes ont gagné à pied la terre ferme, bientôt décimés par la faine et le froid. Nécessité fait loi : les explorateurs les plus résistants, livrés à eux-mêmes en pleine nature et soumis à l’impératif de survie, en sont arrivés aux pires extrémités… Des gentlemen anglais, civilisateurs du genre humain. dans le rôle de cannibales ! Le thème avait de quoi tenter un romancier tel que Collins…
Mon avis:
Alors bon, là je vais être cruelle, mais le principal intérêt de cette nouvelle de Maître Wilkie, c’est sa préface. La quatrième de couverture résume le contexte dans lequel la nouvelle a été écrite et ce qui l’a inspirée, mais aucunement la nouvelle elle-même. On nous présente celle-ci comme un roman d’aventures, alors que c’est loin d’être le cas. Tout d’abord écrite sous forme de pièce de théâtre, The frozen deep tire ses sources d’un fait divers qui défraya la chronique de l’époque, une expédition au Pôle Nord qui tourne mal et qui contraint les survivants au cannibalisme. Dickens et Collins, amis et rivaux, le dernier étant “étouffé” par le premier, écrivent une pièce s’inspirant des faits, mais largement édulcorée par Dickens. Des années plus tard, Collins, émancipé, rédige sa version sous forme de nouvelle. De l’histoire réelle il ne subsiste pas grand-chose. Le principe : un amoureux éconduit va participer à l’expédition qui emporte précisément son rival, et se retrouver en position de force afin d’assouvir sa vengeance. Un brin de fantastique et de mysticisme est apporté à l’affaire par le biais de la jeune fille disputée, qui aurait le don de seconde vue. Jolie histoire à la base, mais pas exploitée du tout.
Trop court pour illustrer toute l’étendue du talent de Collins, qui excelle dans les descriptions sociales, psychologiques, dans l’étude des mœurs et de l’hypocrisie victoriennes. Trop court pour approfondir les personnages, qui n’ont pas beaucoup d’épaisseur, et trop court pour nous immerger dans le huis-clos des régions polaires.
La préface par contre explique bien le contexte, et on retrouve la rivalité de Dickens et Collins dans les personnages de Wardour et Aldersley. Histoire brève donc, qui ravira les biographes des deux auteurs, mais qui qui restera sans doute anecdotique pour les autres, même pour moi qui adore Maître Wilkie.