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Polyarthrite rhumatoïde

Publié le 03 décembre 2008 par Marieclaude

La polyarthrite rhumatoïde est l'une des cent formes de rhumatismes inflammatoires chroniques regroupées sous l'appellation « arthrite ». Elle touche de 0,5 % à 1 % de la population occidentale, et deux fois plus souvent les femmes que les hommes. Bien que la polyarthrite rhumatoïde puisse apparaître à n'importe quel âge, les premiers symptômes surviennent en général entre 40 ans et 60 ans.

Pour la majorité des gens, la polyarthrite affecte d'abord les mains, les poignets et les petites articulations des pieds. Avec le temps, les épaules, les coudes, la nuque, les mâchoires, les hanches, les genoux et les chevilles peuvent subir le même sort. L'inflammation généralisée, lorsqu'elle n'est pas contrôlée par un traitement adéquat, affecte très souvent le système immunitaire, causant notamment de la fatigue et de l'anémie.

Une articulation atteinte par l'inflammation subit plusieurs changements. Cela débute par une inflammation chronique de la membrane synoviale, cette fine pellicule qui entoure les articulations (voir le schéma ci-dessus). Cette membrane s'épaissit, puis laisse entrer du liquide et certains éléments du sang dans l'articulation, ce qui explique l'enflure. Ensuite, l'inflammation endommage d'autres structures articulaires - le cartilage, la capsule, les tendons, les ligaments, les muscles et l'os -, causant des érosions de l'os et rendant l'articulation moins fonctionnelle, ou carrément non fonctionnelle.

Causes

Les causes de cette maladie ne sont pas encore connues. La polyarthrite rhumatoïde est considérée comme une maladie auto-immune, car des cellules du système immunitaire s'attaquent aux articulations, notamment en produisant des anticorps. Dans le cas de la polyarthrite, il est même question « d'auto-anticorps », car ceux-ci ne combattent pas des substances étrangères au corps (par exemple, un virus), mais plutôt le corps lui-même (ici, les articulations).

L'hypothèse la plus probable est qu'un ensemble de facteurs environnementaux, en particulier le tabagisme, génétiques et biologiques (comme une infection, des variations hormonales ou un épuisement du système immunitaire) soient en cause.

Évolution

Dans la majorité des cas, la maladie s'installe insidieusement, de manière très graduelle, sur plusieurs semaines ou plusieurs mois. Cependant, il peut arriver que les symptômes surviennent soudainement ou encore qu'ils s'installent sous forme de « poussées » (de quelques jours ou quelques semaines) intercalées de périodes de rémissions plus ou moins longues, allant de quelques semaines à quelques années.

Chez environ le quart des personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde depuis moins de trois mois, la maladie se résorbe d'elle-même, de façon définitive ou, du moins, pour une période très prolongée. On ne comprend pas toujours la raison de cette rémission. Parfois, une infection virale ou des médicaments peuvent provoquer une seule ou quelques poussées d'arthrite sans plus.

Dès le début de la maladie, la présence de certains auto-anticorps dans le sang (tel le facteur rhumatoïde) indique généralement que la maladie s'est installée de façon chronique.

Conséquences

Lorsqu'elle n'est pas traitée adéquatement, la maladie peut entraîner une perte de la dextérité. De simples gestes, comme tourner une poignée de porte ou tenir un crayon, deviennent alors laborieux. Chez certaines personnes, la maladie devient si grave qu'elle les oblige à se déplacer en fauteuil roulant.

Heureusement, des traitements appropriés, adoptés dès les premiers stades de la maladie, permettent d'éviter l'invalidité. Aussi, en adoptant un mode de vie qui leur permet d'atténuer les douleurs, plusieurs personnes parviennent à avoir une bonne qualité de vie. À ce sujet, voyez notre fiche Arthrite.

Lorsqu'elle est mal contrôlée, l'arthrite peut contribuer à abréger l'espérance de vie de cinq à dix ans. En effet, un état d'inflammation chronique augmente le risque de troubles cardiovasculaires.

Des difformités aux articulations apparaissent souvent avec le temps. Par exemple, on dit des doigts qu'ils se déforment en « col de cygne » et les orteils, « en marteau ».

Symptômes

  • Une enflure à une ou plusieurs articulations.
  • Une raideur aux articulations le matin, qui persiste durant au moins une heure. Cette raideur survient aussi à d'autres moments de la journée, après une période d'inactivité prolongée.
  • Une douleur (ou une sensibilité) récurrente ou constante aux articulations atteintes.
  • De la difficulté à utiliser ou à mouvoir normalement les articulations.
  • Une chaleur et une rougeur à une ou plusieurs articulations.
  • Une fatigue, de la raideur et un endolorissement généralisés.
  • Une légère fièvre et des sueurs en période de crise.
  • De petites bosses dures (non douloureuses) peuvent se former sous la peau des genoux et des coudes.
  • Un sommeil perturbé.
  • Une perte de poids et d'appétit.
  • Une sécheresse des yeux et de la bouche (un syndrome de Gougerot-Sjögren).
  • Une dépression, causée par la douleur, la chronicité de la maladie et tous les changements de vie qu'elle impose.

Remarque
La polyarthrite rhumatoïde se manifeste souvent de façon symétrique, affectant les mêmes articulations des deux côtés du corps. Ce signe la distingue de l'arthrose qui, elle, affecte habituellement les articulations d'un seul côté à la fois.

Personnes à risque

  • Les femmes. Elles sont deux fois plus affectées que les hommes.
  • Les personnes dont un membre de leur famille souffre de polyarthrite rhumatoïde.
  • Les personnes portant le gène HLA-DR4. Des particularités de ce gène ont été associées à une prédisposition à la polyarthrite rhumatoïde. Certains autres gènes pourraient aussi y prédisposer. Par ailleurs, d'autres gènes pourraient agir à titre de protecteurs. Des recherches sont en cours afin de les identifier.

Facteurs de risque

  • Fumer beaucoup durant plusieurs années augmenterait les risques de souffrir un jour de polyarthrite rhumatoïde, avec des symptômes plus graves que la moyenne. Voir notre fiche Tabagisme.
  • L'obésité augmenterait légèrement le risque. De plus, une fois la maladie installée, l'obésité a tendance à l'aggraver.

Prévention

Peut-on prévenir?

Il n'existe aucun moyen officiellement reconnu de prévenir l’apparition de la polyarthrite rhumatoïde.

Ne pas fumer et ne pas s’exposer à la fumée secondaire constitue, pour le moment, la meilleure prévention démontrée.

Certains chercheurs croient qu'une diète équilibrée en acides gras essentiels (oméga-3 et oméga-6) pourrait jouer un rôle préventif1. L'effet préventif a été démontré chez des souris dont la génétique les prédisposait aux maladies rhumatismales. Voir la section Traitements non conventionnels pour plus de renseignements sur le rôle des acides gras dans la polyarthrite rhumatoïde.

Mesures pour prévenir ou atténuer la douleur articulaire

Voir la fiche Arthrite pour prendre connaissance des conseils qui, à titre préventif, aident à atténuer la douleur. Par exemple, on doit viser un bon équilibre entre repos et activité physique, et on peut appliquer en cas de crise de la chaleur ou du froid sur les articulations.

Traitements médicaux

De nombreux progrès ont été réalisés au cours des 25 dernières années pour le soulagement et le contrôle de la polyarthrite rhumatoïde. Les recherches ont démontré qu’un traitement précoce avec des médicaments antirhumatismaux au cours des trois à six premiers mois de la maladie augmente les chances de rémission prolongée. Par conséquent, ces médicaments constituent un élément capital du traitement.

Les objectifs du traitement sont les suivants :

  • soulager les symptômes;
  • tenter d’induire et de maintenir une rémission de la maladie (voir l’encadré ci-dessous);
  • restaurer ou maintenir le bon fonctionnement des articulations;
  • prévenir l’invalidité et les dommages de la maladie ailleurs sur le corps.

Qu’entend-on par « rémission »?

- L’absence de symptômes d’inflammation, comme la raideur matinale et les douleurs.
- L’absence de signes d’inflammation à l’examen physique, aux articulations et ailleurs sur le corps.
- L’absence de signes d’inflammation dans le sang, dans les bilans sanguins.
- Un arrêt de la progression des dommages articulaires, sur radiographie.

Le Dr Gilles Boire, rhumatologue, affirme qu’une personne en rémission ne devrait plus avoir besoin de médicaments de soulagement. « Cependant, ajoute-t-il, le maintien de la rémission exige habituellement un traitement aux médicaments antirhumatismaux. »

Médicaments

Médicaments de soulagement

Les médicaments anti-inflammatoires réduisent la douleur et la raideur aux articulations. Ils ne freinent pas l’évolution de la maladie et ne préviennent pas la survenue d’éventuelles déformations articulaires. Ils sont surtout utilisés en début de maladie, et ensuite de façon intermittente.

  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) classiques. L'ibuprofène (par exemple, Advil® et Motrin®), le naproxène (par exemple, Anaprox® et Naxen®) et les autres anti-inflammatoires sont utiles pour soulager les symptômes. L’aspirine (acide acétylsalicylique) est peu employée parce qu’elle est moins bien tolérée par le système digestif.
    Effets indésirables.
    Le recours à des anti-inflammatoires non stéroïdiens classiques, sur une base régulière, peut être associé à des malaises gastro-intestinaux, comme des brûlures d’estomac, des ulcères ou des saignements digestifs parfois graves, de même qu’à d’autres effets indésirables comme de l’hypertension ou de l’insuffisance rénale. Ils sont donc utilisés pendant la plus courte période possible, au besoin seulement.
  • Anti-inflammatoires non stéroïdiens inhibiteurs sélectifs de la Cox-2 (ou coxibs). Une nouvelle génération d'anti-inflammatoires, les inhibiteurs sélectifs de la cyclooxygénase-2 (Cox-2), ont fait leur apparition sur le marché en 1999. Ils agissent en inhibant un enzyme, la Cox-2, impliqué dans le processus inflammatoire. Ils ont les mêmes effets que les anti-inflammatoires classiques, avec l’avantage d’être moins dommageable pour l’estomac. Le célécoxib (Celebrex®) en fait partie. Pour leur part, le rofecoxib (Vioxx®) et le valdécoxib (Bextra®) ont été retirés du marché. Voyez l’avis ci-dessous.
    L’usage des coxibs est généralement réservé aux personnes dont le risque de complications gastro-intestinales est jugé élevé et dont le risque de maladies cardiovasculaires est faible.
    Ces médicaments n’éliminent pas le risque de symptômes gastro-intestinaux et doivent être soumis à la même modération que les autres anti-inflammatoires.

Avis

À la suite du retrait du Vioxx® du marché mondial, en septembre 2004, Santé Canada et la Food and Drug Administration (FDA) ont entrepris d’examiner l’innocuité de tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) de la classe des coxibs.

Lors d’une étude interrompue prématurément, le Vioxx® a été associé à un risque accru d’infarctus et d’accidents vasculaires cérébraux (AVC). Ce risque augmente avec la dose et la durée de l’utilisation2.

Depuis le 16 décembre 2005, Santé Canada interdit aussi la vente de Bextra® au pays en raison du risque accru de problèmes cardiovasculaires et d’effets cutanés qu’il peut causer chez certaines personnes.

Après avoir étudié l’ensemble des données disponibles au 31 décembre 2005, Santé Canada maintient son avis de bannir du marché le Vioxx® et le Bextra®36. Le Celebrex® et d’autres coxibs demeurent sur le marché, avec l’ajout de mises en garde.

Santé Canada recommande aux personnes susceptibles d’utiliser un anti-inflammatoire de la classe des coxibs de parler avec leur médecin des risques et des avantages que cela comporte.

  • Corticostéroïdes. Selon l'Association médicale canadienne, les corticostéroïdes (cortisone, prednisone) sont les médicaments les plus efficaces pour diminuer l'inflammation et soulager les douleurs et les raideurs aux articulations. Mentionnons que leur action est rapide, mais éphémère. Ils peuvent aussi retarder l’évolution de la polyarthrite rhumatoïde. Ces médicaments sont pris sous forme de comprimés ou injectés directement dans les articulations. Le médecin propose toujours la plus faible dose efficace pour la plus courte durée possible afin de limiter les effets indésirables.
    Effets indésirables.
    À long terme, les corticostéroïdes produisent des effets indésirables importants. Ceux-ci varient selon la dose prise. Par exemple, un risque accru d'ostéoporose, de fractures, d'hypertension artérielle et d’infections.
  • De l’acétaminophène ou des dérivés morphiniques sont parfois employés pour réduire la douleur lorsque celle-ci est forte.

Médicaments antirhumatismaux de fond

Les médicaments antirhumatismaux agissent directement sur la maladie : ils combattent les cellules immunitaires qui attaquent les articulations, ce qui leur confère la capacité de prévenir ou de retarder les dommages articulaires. Ces médicaments sont d'autant plus bénéfiques lorsqu'ils sont pris au début de la maladie. Leur effet peut prendre de quelques semaines à quelques mois à se produire. Ils peuvent être combinés sans problème aux AINS ou aux corticostéroïdes.

Dans cette catégorie de médicaments, le méthotrexate est le principal utilisé. On recommande aux personnes qui prennent ce médicament de consommer des suppléments d’acide folique, ce qui permet de réduire ses effets indésirables. Les autres antirhumatismaux employés sont l'hydroxychloroquine (Plaquenil®), la sulfasalazine (par exemple, Salazopyrin®), les sels d'or (Myochrysine®) et le léflunomide (Arava®). Certains immunosuppresseurs (azathioprine, cyclosporine) sont utilisés à l’occasion. Chacun de ces médicaments ont des effets indésirables spécifiques. Renseignez-vous auprès de votre médecin ou de votre pharmacien.

Modificateurs de la réponse biologique

Depuis quelques années, une nouvelle classe de médicaments est apparue sur le marché, connue sous le nom de modificateurs de la réponse biologique, ou biothérapies. Contrairement aux autres médicaments antirhumatismaux, qui combattent l’action du système immunitaire de façon non spécifique, ces nouvelles thérapies sont conçues pour cibler plus précisément les substances qu’on croit directement responsables de l’inflammation et de la destruction articulaire. Ils sont réservés aux personnes chez qui les médicaments antirhumatismaux sont insuffisants. Parmi les effets indésirables possibles de ces médicaments, on note une réduction des défenses immunitaires contre certaines infections.

Les premiers représentants de cette catégorie de médicaments sont les agents anti-TNF, soit l’infliximab (Remicade®), l’étanercept (Enbrel®) et l’adalimumab (Humira®). On trouve aussi dans cette catégorie des médicaments qui contrent l’effet de l’interleukine-1, une autre substance qui contribue à l’inflammation. Ils s’administrent tous par injection.

Bonne journée

Marie-Claude

ref: Passeport.sante


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LES COMMENTAIRES (1)

Par yasmine
posté le 12 juillet à 12:08
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DEPUIS 18 ANS JE SUIS ATTEINTE JE SUIS ATEINTE D UNE POLYARTHRITE RHUMATOID INVALIDANTE DERNIEREMENT ON ME DIT QU IL Y A UNE REMISSION.PERSONNELLEMENT LES SOUFFRANCES SONT TJRS AUSSI INTENSE QUE FAIRE?

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