Je publie ici, in extenso, une tribune d'Yvan Rioufol, tant elle illustre ma pensée à l'heure où le Ministre de la Fontion Publique envisage la suppression des épreuves de culture générale en 2009. Triste nouvelle, triste époque ...
Quand le gouvernement fait l'éloge du décervelage
La déculturation est officiellement en marche. Ce lundi, dans Le Figaro, le secrétaire d'Etat à la Fonction publique, André Santini, dévoile son projet de supprimer dès 2009 les épreuves de culture générale des concours de la fonction publique, notamment pour les catégories B et C. Il explique vouloir faire évoluer ces thèmes vers "des questions de bon sens, en rapport avec la matière, plutôt qu'un académisme ridicule". Il reprend cet exemple déjà donné par le président de la République, qui s'était étonné qu'une question sur l'auteur de la Princesse de Clèves puisse être posée lors d'un concours de secrétariat catégorie C (la moins qualifiée).Pour justifier ce projet, qui se concrétisera demain mardi par la signature d'une charte de l'égalité avec son ministère de tutelle et la Halde, Santini reproche aux épreuves actuelles d'éliminer "tous ceux qui n'ont pas ces codes, souvent hérités du milieu familial. C'est une forme de discrimination invisible (...) A quoi nous sert d'avoir une épreuve d'histoire pour les pompiers. Ou des gardiens de la paix à bac+4. Nous avons atteint les limites d'un élitisme stérile". Bref, au nom de la lutte contre les discriminations, un décervelage collectif se profile.
Alors que la société accumule les trous de mémoire sur son histoire collective, que l'école de sait plus transmettre un héritage commun et que le langage s'appauvrit, il est consternant d'observer le gouvernement vouloir accélérer cette mutation vers un monde indifférencié, réduit peu ou prou à la maîtrise de la technique. Cet éloge du clônage et de l'abandon illustre la constatation de Renaud Camus (La grande déculturation, Fayard) : "Il n'y a pas de culture possible en régime hyperdémocratique dogmatiquement antiraciste, et, de fait, nous la voyons disparaître sous nos yeux". S'y résoudre ?
Source : Yvan Rioufol