La police croate s'en prend à ceux utilisant Facebook contre le Gouvernement.
Zagreb - La police croate a arrêté et interrogé des activistes de la toile qui critiquent ou ridiculisent le gouvernement, rapportent les médias et l'opposition, en accusant les autorités de violer les droits civils fondamentaux.
Les médias ont annoncé lundi que la police a arrêté des organisateurs d'un groupe sur Facebook, le réseau social en ligne, qui appellaient à un rassemblement contre le gouvernement dans plusieurs villes, dont la capitale Zagreb, pour le 5 décembre. Le groupe compte plus de 5.000 membres.
"Pour la première fois depuis les années 1990, la Croatie commence à user de la répression contre ses propres citoyens qui veulent exprimer librement leur opinion politique", lit-on dans l'hebdomadaire Nacional.
Il y est dit que la police a arrêté un coordinateur des manifestations dans la ville adriatique de Zadar. Le site d'information business.hr dit que la police a arrêté et interrogé un autre activiste à Zagreb, qui était en train de coller des placards sur les panneaux d'affichage dans la capitale.
Un responsable de la police a confirmé à Reuters qu'un activiste de Facebook a été arrêté à Zagreb, mais a nié l'autre arrestation.*
Le porte-parole du Gouvernement, Zlatko Mehun, a déclaré que le Gouvernement n'avait pas de raison de craindre les critiques sur Internet.
"Notre travail est concentré sur les questions fondamentales pour le pays - la crise économique et les négociations d'adhésion à l'Union européenne", a-t-il déclaré.
Stop Facebook
En quelques années, Internet est devenu le média le plus répandu dans ce petit pays candidat à l'UE pour les citoyens qui souhaitent décharger leur mécontentement envers le Gouvernement conservateur du Premier ministre Ivo Sanader.
Lorsque Sanader, en se référant à la crise financière mondiale, avait appelé le mois dernier à serrer la ceinture, à geler les salaires et à abolir les réceptions et cadeaux de Noël dans les compagnies et institutions de l'Etat, un nouveau groupe avait surgi sur Facebook.
Il s'était donné pour nom "Sanader Grinch" en référence au personnage au visage verdâtre dans le film "Comment Grinch a volé la Noël". Les activités du groupe ont été largement rapportées dans les médias locaux, mais n'ont pas provoqué de réactions de la part du Gouvernement et de la police.
La police a commencé à s'en prendre aux utilisateurs de Facebook, après que Niksa Klecak, un membre du principal parti d'opposition, les Sociaux-démocrates, eut lancé un groupe baptisé "Je parie que je peux trouver 5.000 personnes qui n'aiment pas Sanader".
En l'espace de quelques jours, le groupe s'est élargi à presque 12.000 membres, chiffre à comparer aux 27 membres de deux groupes qui soutiennent Sanader.
La police a arrêté et interrogé Klecak vendredi dernier. Elle dit avoir agi "non pas à cause de son appartenance au parti" mais parce qu'il a posté un montage photo qui représente Sanader dans un uniforme nazi.
"Facebook est une grande chose... et chacun a le droit de montrer son mécontentement, mais si vous encouragez la haine, un régime totalitaire, ce n'est pas bon, ce n'est pas de la satire. C'est contre la démocratie en Croatie", a déclaré Sanader.
L'opposition et les médias ont rejeté l'explication, en disant que jusqu'à présent la police n'est jamais intervenue contre la propagande nazie.
"C'est une violation fondamentale du droit constitutionnel à la liberté d'expression", a déclaré lundi le leader social-démocrate, Zoran Milanovic.
Un éditorial dans le Jutarnji List au fort tirage, intitulé "Stop Facebook", signale que les autorités agissent d'une façon semblable aux communistes yougoslaves, qui se méfiaient des médias et voulaient les contrôler.
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* Qui a pourtant bien eu lieu.
Source : Reuters, le 3 décembre 2008.