Bush emprunte à Diderot ses “Regrets pour ma vieille robe de chambre”.

Publié le 03 décembre 2008 par Chantalserriere

“Avec le temps, écrit Diderot,  les dettes s’acquitteront ; le remords s’apaisera ; et j’aurai une jouissance pure.”

Diderot, est-il besoin de le rappeler,  avait de l’humour et le sens de l’autodérision. Lorsque Madame Geoffrin lui offre une somptueuse robe de chambre écarlate, le voici raillant, dans “Regrets pour ma vieille robe de chambre”, cet étrange sentiment qu’on appelle regret, s’appliquant aussi bien au désaveu d’un impair, qu’à la  nostalgie éprouvée à l’égard d’un vieux vêtement qui vous était une seconde peau. Le remords vous hante, remue vos entrailles, s’invite à vos nuits troublées. Le regret s’évapore aussitôt exprimé. Ces actes locutoires, presque de simples phatiques qui servent à policer les échanges en société, tels s’excuser d’avoir marché sur le pied du voisin, ou d’avoir renversé la sauce sur la nappe ou encore émis trop de décibels à la fête d’anniversaire du petit dernier.

Monsieur Bush, lui, exprime le regret… d’avoir été insuffisamment préparé au déclenchement de la guerre en Irak! Insoutenable légèreté de l’être! Dérisoire euphémisme!

Et quand on lui demande s’il redéclencherait la même guerre s’il  avait connaissance qu’aucune arme de destruction massive n’existe en Irak, alors, le président sortant se dérobe: “C’est une question intéressante. Ce serait revenir sur ce qu’on a fait, et c’est une chose que je ne peux pas faire”

Sûr que l’expérience acquise au cours de ses mandats ne l’ont pas préparé davantage à la moindre déclaration de bon sens! Alors, pour ce qui est des déclarations de guerre… Combien de mandats faudrait-il à cet homme-là pour être enfin préparé à formuler autre chose que des regrets d’après la bataille?

Photo: Reuters. Empruntée à l’article du Monde du 2/ 12 “Les regrets de G Bush après huit ans à la Maison Blanche.”