Royaume-Uni : Les mouvements terroristes recrutent

Selon plusieurs sources, des citoyens britanniques d'origine pakistanaise auraient participé aux attentats de Bombay. Une information qui confirme l'implication de jeunes Anglais dans des attaques menées de l'Afghanistan à la Somalie.

Selon certaines agences du renseignement, plus de 4.000 citoyens britanniques seraient passés par des camps d'entraînement terroristes en Afghanistan ou au Pakistan, constituant ainsi un vivier de recrues pour le djihad international. Plusieurs membres de la communauté cachemirie vivant au Royaume-Uni ont rejoint les rangs de groupes tels que le Lashkar-e-Taiba, l'une des principales organisations soupçonnées dans les attentats de Bombay, ennemi des forces indiennes au Cachemire. D'autres, d'origine pakistanaise, se sont ralliés aux talibans ou à d'autres milices responsables d'attaques contre les forces britanniques et les soldats de l'OTAN déployés en Afghanistan.

Ancien commandant des forces britanniques dans la province d'Helmand, le général Ed Butler dit avoir été confronté à des musulmans britanniques dans cette région du sud-ouest de l'Afghanistan. "On retrouve des détenteurs de passeports britanniques dans des villes comme Kandahar, explique-t-il. Il y a des liens entre Kandahar et certains grands centres urbains britanniques. L'armée britannique en est consciente, ce qui n'est pas le cas de l'opinion publique." En 2007, un avion de reconnaissance Nimrod, de la Royal Air Force, a capté des fréquences radios utilisées par les talibans en Afghanistan. Certains des insurgés s'exprimaient avec un accent du Yorkshire ou des Midlands.

Outre ces combattants supplémentaires, les groupes comme le Lashkar-e-Taiba reçoivent des fonds levés en leur nom au Royaume-Uni par la communauté musulmane. Il se murmure aussi qu'une partie de l'aide humanitaire envoyée, il y a trois ans, après le séisme ayant frappé le nord du pays, aurait été détournée au profit de groupes militants. Le Lashkar a établi des contacts avec Al-Qaida au Pakistan et aurait participé à des camps d'entraînement avec la nébuleuse terroriste. Un de leurs membres les plus connus était Rachid Rauf, l'un des principaux suspects impliqués dans les plans d'attentat sur des vols transatlantiques [en août 2006], récemment déclaré mort à la suite d'une frappe américaine.

Mais les recrues britanniques ont également été mêlées à d'autres conflits. Asif Hanif, 21 ans, habitant à Londres, a tué trois personnes et en a blessé 55 autres lors d'un attentat suicide à Tel-Aviv en 2003. Un de ses compagnons, Omar Sharif, 27 ans, originaire de Derby, s'est enfui sans parvenir à amorcer sa bombe. Son corps a ensuite été retrouvé sur une plage israélienne. Le gouvernement de transition somalien a accusé le Royaume-Uni d'être l'un des premiers fournisseurs en hommes et en argent de l'Islamist Courts Union (ICU), un groupe extrémiste présent dans le pays. "Le principal soutien de l'ICU venait de Londres, qui envoyait de l'argent liquide aux membres de l'ICU sans en aviser le gouvernement", avait déclaré Hussain Mohammed Aidid, le vice-Premier ministre de l'époque [de 2005 à 2007]. Parmi les victimes tuées dans les affrontements avec l'ICU, plusieurs possédaient un passeport britannique."

Lorsque les forces islamistes ont pris Mogadiscio (la capitale somalienne) durant l'été 2008, nous avons découvert qu'un nombre non négligeable de jeunes Somaliens issus de la diaspora occidentale étaient rentrés au pays pour combattre aux côtés des islamistes. Une demi-douzaine de jeunes hommes, dont deux frères vivant à Wood Green, dans le nord de Londres, officiaient comme gardes du corps pour le cheik Youssouf, un des principaux chefs islamistes du pays. Le Royaume-Uni a également été accusé de servir de centre névralgique pour la préparation de nombreux complots terroristes dans le monde. Moutaz Almallah Dabas, citoyen espagnol d'origine syrienne accusé d'avoir participé aux attentats de Madrid en 2004, a été extradé de Londres vers l'Espagne après la découverte de liens entre ces attentats et une cellule terroriste supposée en Grande-Bretagne.

Source du texte : COURRIER INTERNATIONAL / THE INDEPENDANT