28. Elle a aménagé dans un appartement. Spacieux et un brin spartiate à la fois. Dedans trône un magnifique vélo de ville. Tu en fais ? demande-je, interpellé. Plutôt voiture, la dame. Et davantage piscine que jogging. Non, elle répond. Je me suis dit que de là venait sans doute l'expression vélo d'appartement.
29. La pétasse à un joli fessier. L'hiver empêche d'aller plus avant dans l'ethnologie. Elle fait ses courses ce samedi-là. Etrange ballet pendant que son homme porte les packs et les boites. Elle n'arrête pas de colèrer. A voix forte. Pincharde. Spectacle. Ceci ne va pas, cela n'est pas bien. Décharge sa mauvaise humeur. Aux antipodes du dit fessier, des lunettes sévères. Le mental a pris le dessus. Dommage.
30. Bien aimé cette affiche toute bête d'une troupe de théâtre amateur du coin. Nom de la compagnie : les antidépresseurs. Titre de la pièce qu'ils donnent ces jours-ci : Chérie, j'ai délocalisé ta mère ! Souriant.
31. M'est revenue en tête une phrase que j'avais, un temps, placée devant moi sur mon bureau. C'était une carte postale. Il y avait écrit dessus : La démocratie, à l'arrêt, elle rouille. J'y ajoutais mentalement : Elle ne s'use que si l'on s'en sert. Elle s'est usée. Au point que l'on finit par regarder ailleurs. C'est peut-être bien le plus gênant.
32. J'ai lu dans la presse que l'Union Européenne attaquait la France. Motif : notre beau pays n'en fait pas assez pour protéger le grand hamster. Espèce protégée. L'Homme est-il lui aussi une espèce protégée ? La France en fait-elle assez ?
33. Le bonheur des kilomètres du soir. Ceux qui ramènent du boulot vers la maison. Il fait noir, pourtant. Plein de bagnoles alentour. La fatigue de la journée. Mais surtout, le bonheur, frémissant, chaleureux, gouleyant. La pensée de rentrer chez soi. Le plaisir de revoir les têtes aimées. Et je roule ainsi, chaque soir, vers mon havre.