Quand j’ai écrit « Pour y voir Clerc », dans ma peinture des années 72-75, j’ai oublié d’évoquer « l’Amour 1830 », une des premières de Souchon. Tout a commencé là !
C’était ma période Alfred de Musset et Chopin, « Toi aussi t’en as rêvé des cornemuses »… Et puis il y a eu « bidon », « la balade de Jim », « les nouvelles pour dames de Saumerset Maugham », « de quoi j’ai l’air avec mes détails, mes haltères… ». En présence des filles, les autres mecs me filaient toujours des complexes… « Il a déboulé dans l'soir en disant: "Mes malles sont encore au port", moi j’étais largué, classé, elle était bouche bée, et lui c’était Robert Taylor »… La silhouette désarmante des filles, les "caterpillars" comme il dit... Hymne permanent à l’élégance, bien au-dessus des « jupes des filles » ! « La beauté d’Ava Gardner »… « J’suis mal dans ma peau, en cow-boy très beau… ».
Les chansons de Souchon offrent un cinéma à bon marché et tout est tellement cinématographique dans la plupart de ses textes… « Vendeuse de glaces, boulevard de la plage, sous sa bâche elle était belle »… Tailler la zone, Robert Zimmerman, l’ambiance Bugatti, sur les banquettes de molesquine des Limousines, « J'aime les regretteurs d'hier, qui trouvent que tout c'qu'on gagne, on l'perd, les fumées dans les chemins de fer, la beauté d’Ava Gardner »
Souchon repasse les années comme sur une bande super 8 : « écoutez l'histoire entre Trouville et Dinard »… Le passé tremble, le présent se crispe : « Moi aussi j’en ai rêvé des rêves tant pis, tu la voyais grande et c’est une toute petite vie, Tu la voyais pas comme ça l’histoire, Toi t’étais tempête et rocher noir, Mais qui t’a cassé ta boule de cristal, cassé tes envies rendu banal… Mais qui t’a rangé à plat dans ce tiroir, comme un espadon dans une baignoire … c’est pas toi qui y’es, dans le bagad de Lann Bihouë ».
C’est au bout
du compte des pages de la vie de chacun qui s’écrivent et s’écoutent à travers plus de trente ans des chansons de Souchon. Si nos vies se déploient au-dessus de nous comme les ramures d’un arbre,
à chacun de retrouver sa souche !