La Missa votiva de Jan Dismas Zelenka fait partie de ces petits chef d'œuvre à garder soigneusement dans sa discothèque. La version enregistrée récemment par Vclav Luks, à la tête du Collegium 1704 et paru chez Zig Zag Territoires, est à écouter absolument.
Ce compositeur bohémien aurait écrit cette messe après avoir guéri d'une grave maladie. On n'en n'est absolument pas surpris tant on devine, par la ferveur et l'énergie que dégage cette messe, l'immense joie d'un homme qui s'est ressenti comme un miraculé.
Dès les premières mesures du Kyrie d'introduction, la tonalité est donnée. On est d'emblée pris par une ivresse irrésistible, avec un orchestre chatoyant et d'une vélocité incroyable. Je trouve que ce Kyrie a l'ampleur et la veine d'une introduction d'opéra. Je me la passe en boucle sans m'en lasser !
D'ailleurs cette messe alterne avec bonheur des passages de facture très classique, incarnant une grande dévotion, avec des moment d'envolée lyrique digne de grands airs d'opéra. L'écriture d'une richesse indéniable semble révéler la boulimie d'un homme revenu à la vie.
L'ensemble Collegium et Collegium Vocale 1704 restituent la ferveur de cette messe avec énergie sans pour autant sacrifier à la lisibilité du texte et à une belle netteté des différents motifs. Cette performance est à souligner compte tenu de la richesse harmonique de cette oeuvre est indéniable.A l'écoute complète de la messe vous aurez peut-être l'impression d'un patchwork reprenant çà et là des motifs déjà entendus chez nombre de compositeurs fameux du XVIIIème siècle et sans véritable unité. Je trouve cela pour ma part assez attachant car je pense que cela traduit en fai une écriture très spontanée, foisonnante et sans inhibition.
Parmi les autres passages traduisant cette énergie presque électrisante, on notera le Gloria in excelsis deo qui déclame de façon résolue et volontaire la gloire au Seigneur, suivie d'un Qui Tollis, quant à lui solennel, qui n'est pas sans rappeler une certaine réminiscence des vêpres Monteverdiennes ! D'une façon générale, les sept composantes du Gloria de cette messe sont, je trouve, les passages les plus prenants et inspirés de cette messe. Ils représentent une unité parfaite et constituent en quelque sort une messe dans la messe.
Le Credo "parade" encore plus que le Kyrie avec les accentuations des hautbois qui contribuent à créer un climat festif.
Le Sanctus apporte les couleurs d'un requiem, sombre, inquiétant et tout de suite très prenant. On ne peut s'empêcher à penser à celui de Mozart, cinquante ans en avance...
Il n'y a que l'AgnusDei pour, tradition oblige, nous amener à douceur et recueillement, y compris dans la reprise complète du thème du Kyrie d'introduction dans le Dona nobis pacem final. Vaclav Luks, avec finesse, nous restitue ce thème d'introduction en tous points identiques dans une style beaucoup plus coulé, linéaire, supprimant les aspérité, accentuations rythmiques de l'introduction pour rester fidèle à la rercherche de sérénité que doit incarner l'Agnus Dei.
Le choeur et les solistes sont tous très convaincants et constituent un groupe homogène. Ils affrontent de façon exemplaire la partition qui demande beaucoup d'agilité vocale.
Très belle découverte à écouter absolument du label Zig Zag Territoires (enregistrment à partir d'une production du Festival de Sablé).
Détails du disque sur le site de Zig Zag Territoires.
Vous pouvez également en savoir plus sur Quobuz.com.
Lien vers le site youtube pour vous permettre d'apprécier le Kyrie d'introduction.
Jan Disma Zelenka - Missa votiva - Collegium 1704 & Collegium Vocale 1704 - Direction Vaclav Luks - Label Zig Zag Territoires.