La flûte est un instrument qui m'a toujours un peu traumatisé. Sans doute de vieux souvenirs de cours de flûte à bec au collège. A vrai dire, je n'étais pas très fort et je m'étais fais coller un zéro par une vieille peau acâriatre après avoir laborieusement massacré Au clair de la lune. De quoi étouffer dans l'oeuf ma carrière musicale. Alors, depuis, j'en veux inconsciemment aux flutistes. Comme beaucoup, ce sont les Beastie Boys qui m'ont réconcilié avec la flûte. Ou plutôt avec un flutiste: Jeremy Steig, dont Sure Shot a assuré la postérité de Howlin' For Judy. Howlin' For Judy est tiré de Legwork, paru sur Solid State. Fruits de jams et d'improvisations avec Eddie Gomez à la basse et Don Alias aux percussions, les morceaux furent mis en boîte en une seule journée, le 11 février, 1970 à New York, session dont est aussi issue un autre album, Wayfaring Stanger, sorti lui sur Blue Note. L'album Howlin' For Judy est une compilation réunissant 7 titres des deux albums.
Musicien de session apprécié par le gratin du rock (Jimi Hendrix, Jefferson Airplane, The Flying Burrito Brothers, Blood, Sweat & Tears), Jeremy Steig se lâche et embarque le jazz funk dans un long trip free psychédélique absolument scotchant. Peintre accompli, Jeremy Steig manie sa flûte comme un pinceau et chaque morceau est un tableau improvisé. La flûte se dépose par couche successive sur le fond rythmique, mettant en relief les aspérités, guidant l'oreille vers d'autres horizons. Scotchant, groovy et pas si hermétique que ça pour le profane, Jeremy Steig mérite pleinement son passage à la postérité pop.
Jeremy Steig - Howlin' For Judy
Jeremy Steig would be completly forgotten today if The Beastie Boys hadn't sampled Howlin' For Judy on Sure Shot.