On donne ce qu'on a

Publié le 02 décembre 2008 par Nellym67

Si l'on continue de s'intéresser aux autres seulement en fonction de la tendance du moment, on ne pourra pas influencer des politiques globales de longue haleine visant à travailler sur le long terme à l'amélioration de conditions de vie d'autres humains. Les associations agissent bien entendu en continu, avec engagement et enthousiasme, mais leur action n'est pas souvent mise à l'honneur, ou alors de manière clientèliste par les politiques qui récupèrent les causes pour faire monter leur cote, ou encore pour répondre à des besoins voyeuristes qui font monter les audiences des programmes télé et des magazines!

Il y a aussi les causes ponctuelles, celles qui ont leur journée mondiale et leurS journéeS d'oubli, ainsi que celles qui éveillent les consciences ponctuellement parce que très visibles, comme c'est le cas pour nos sans-abris dont on annonce bien trop souvent la détresse et le décès dès le  retour du froid.

Martin Hirsch a toujours soutenu les démarches globales pour solutionner ce type de problèmes de société; depuis son ralliement au gouvernement et ses obligations et devoirs de réserve lorsqu'il s'agit de se révolter contre des solutions arbitraires, il a perdu la confiance de ceux pour qui il s'est toujours battu. Stigmatisant les pauvres "méritants" des "non-méritants" dans le dispositif du RSA, il n'a pas pu aller au bout d'une logique de lutte globale contre la précarité dans le retour d'un accompagnement et d'une intégration à la société de l'emploi, laissant sur la route ceux qui en sont déconnectés depuis trop de temps et par trop d'autres problèmes.

Mais il veut aussi montrer qu'il n'a pas changé. Le Monde publie aujourd'hui une tribune de sa part : ici.

Il propose un plan en 10 points pour répondre aux "malaises" des personnes SDF :

1) comprendre la diversité des situations

2) adapter les objectifs aux problématiques réelles soulevées par l'analyse des situations.

3) traiter la spécificité de la situation de la région parisienne en matière de logement et d'hébergement.

4) intégrer la lutte contre la pauvreté dans les mesures de relance.

5) "repenser la prise en charge des personnes sans abri dans le cadre d'un véritable service public" de manière à coordonner moyens, cohérence d'action et politique globale de décisions.

6) encourager l'intermédiation locative

7) développer les activités rémunérées des SDF.

8) être encore plus présent là où les sans-abris se cachent.

9) adapter les réponses à la situation des jeunes

10) impliquer l'opinion, informer, mettre en place des "conférences citoyennes de consensus" mobilisatrices.

J'insiste depuis quelques jours sur la solidarité citoyenne à développer absolument, et la proposition 10 conforte cette vision : si nous prenons conscience de ce qui se passe réellement sans nous voiler la face, nous devrons modifier nos modes de vie...

Question : M Hirsch a-t-il l'intention de rester au gouvernement? Cette intention dépend-elle de lui? Quid d'une possible mise en oeuvre de ces propositions? Vous le saurez quand le gouvernement les médias auront décidé de prendre la question au sérieux sur un mode "longue durée"...

Et pendant ce temps,  les restos du coeur ont repris leur action, et attendent une hausse de 5 à 10% de hausse de la fréquentation...

Quelques mots de Mallarmé :

ON DONNE CE QU'ON A

Le riche au pauvre, au froid autome,

Jette l'or où brille l'espoir :

Le mendiant lui fait l'aumône

Avec sa prière du soir!

L'aube de sa paupière rose

Sur l'églantier épand ses pleurs :

L'églantier donne à l'aube éclose

Ses chants d'oiseau et ses senteurs!

Au goéland rasant l'écume

La vague offre un nid de corail :

L'oiseau laisse une blanche plume

AU flot que fend son bec d'émail.

Le peu qu'il a chacun le donne!

Enfant, c'est un bauser rieur :

Amant, des lilas en couronne :

Poëte un écho de son coeur!

28 décembre 1859

Stéphane Mallarmé