J'ai publié en commentaire un texte d'Alain Lefeez mais j'ai eu tort. Je considère que ses remarques et le poème de Jacques Prévert méritent une meilleure vitrine. Il écrit à la suite des propos de Frédéric Lefebvre, le porte-parole de l'UMP :
« Très choquant en effet. Inadmissible. Je me souviens avoir étudier "La chasse à l'enfant" de Prévert quand j'étais en primaire. Prévert avait écrit ce poème pour protester contre les autorités suite à la noyade d'un enfant qui s'était enfui du bagne de Belle-Île. La maîtresse d'école nous avait pourtant assuré que ces temps là n'existaient plus. »
CHASSE À L'ENFANT
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent
Rejoindras-tu le continent !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.
JACQUES PREVERT