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La douleur de l’enfant : un long déni.
On pourrait penser que le développement de la médecine moderne apporta un mieux-être pour l’enfant dans le traitement de sa douleur. Il n’en est rien
et c’est même le contraire qui se produisit. Avec le progrès de la médecine, le déni de la douleur de l’enfant s’installa pour longtemps. Zéro pointé pour la science!
L’essor de la médecine moderne dans les années 50 s’accompagna d’un déni total de la douleur de l’enfant. La nouvelle génération de médecins s’intéressa alors davantage aux bilans biologiques et
d’imagerie qu’à l’observation et à l’évaluation de la douleur. Une théorie dominante jusqu’aux années 80 (au moins...) prétendait que le système nerveux immature de l’enfant le protégeait de la
souffrance (on prétendait alors que les voies nerveuses reliant le thalamus au cortex n’étaient pas développées).
En 1959, le Dr André Thomas préconisait, pour les interventions chirurgicales, le recours à la seule tétine, ou au biberon sucré, ou encore un biberon alcoolisé ! Beaucoup plus récemment,
il était fréquent d’offrir au bambin une glace en compensation des douleurs atroces subies lors de son opération chirurgicale et après l’opération. Des scènes archaïques voire de barbarie
rapportées des années 80 font froid dans le dos : opération à vif sans antalgique, suspension du bébé prématuré au plafond de sa couveuse par le thorax traversé d’un fil (ici aussi sans
antalgique)... Les anesthésistes n’étaient alors formés que pour endormir les enfants et pas pour s’occuper de leur souffrance.
Puis, les scientifiques démontrèrent par leurs travaux que dès la 16e semaine de grossesse, les structures assurant la transmission de l’influx douloureux sont en place et donc que l’enfant
souffre plus précocement qu’ils ne l’avaient "décrété". C’était dans les années 80. La douleur de l’enfant devint un bon sujet de recherche mais l’enfant continua le plus souvent de souffrir
inutilement ! Il faut attendre les années 90 pour qu’en France, on commence à prendre en charge la douleur des enfants au sein de certaines équipes médico-chirurgicales et paramédicales
particulièrement sensibilisées. En1993, les Dr Annie Gauvain-Piquard et Michel Meignier écrivent : "Le bébé est encore opéré dans des conditions qui seraient totalement exclues chez
l’animal de laboratoire, de ce point de vue mieux protégé par les réglementations que le nouveau-né humain."
Ils seront entendus et, en 1998, Bernard Kouchner, secrétaire d’Etat à la Santé, met en place un plan de lutte contre la douleur sur trois ans (prolongé deux fois ensuite) qui prend en compte
aussi la douleur de l’enfant. Mais avant d’en être arrivé là, que de temps perdu, que de souffrances ignorées ! Et de nos jours encore, des adultes et des enfants souffrent de pratiques
archaïques. Cela est d’autant plus inacceptable que nous savons aujourd’hui qu’il existe une mémoire de la douleur dès les premiers instants de vie. Une réaction douloureuse exacerbée à une
vaccination ou à un soin ultérieur peut être la conséquence d’une souffrance précoce, comme la circoncision par exemple (chez les Musulmans, cet acte est encore pratiqué sans anesthésie vers
l’âge de 7 ans). Mais le plus souvent chez le nourrisson, la première expérience douloureuse est la vaccination. C’est pourquoi cet acte doit être pratiqué selon un code de bonnes
pratiques : préparation de l’enfant, distraction de son attention, présence et contact parentaux. A proscrire : dire à l’enfant que cela ne lui fera pas mal ou se moquer de son manque
de courage. Dans le domaine des pratiques du personnel soignant, des progrès restent encore à faire.
Pour un panorama complet de cette question, consulter les sites :
site www.tiboo.com (très abordable et complet)
pediadol.org.
sparadrap.com
Source : par La Taverne des Poètes sur http://www.agoravox.fr/