Surprise pour ce 2e jour de notre calendrier de l'avent, un petit compte rendu d'une soirée blues avec Kan Mikami...
Soirée blues du vendredi 28 novembre avec Kan Mikami
Kan Mikami, guitariste et chanteur de folk et de blues depuis les années 70, qui a notamment collaboré avec Keiji Haino au sein du groupe Vajra, était à l'affiche vendredi dernier de la très agréable soirée blues Play it again and again... au Comète 347 de Paris.
Comète 347, c'est quoi ça ? Déjà quand on lit l'adresse sur le flyer, "45 rue du Faubourg du Temple (au fond de la cour)", on a de quoi se poser des questions. Et puis finalement, l'arrivée sur les lieux confirme bien l'utilité de la précision "au fond de la cour", sous peine de retourner chez soi bredouille en pensant à une erreur. Car c'est bien "au (fin) fond" d'une cour que le concert aura lieu, dans ce qui de plus est, une grange ! Ou un atelier. Ou un garage. Enfin une vieille bâtisse aux murs en tôle avec à l'intérieur un vieux matou bien engraissé, un énorme poêle à mazout au milieu, puis un incroyable bric-à-brac de meubles entreposés ça et là, de planches de bois, et de je-ne-sais-quoi qu'on n'avait pas revu depuis les vacances à la campagne chez Tonton Fernand.
L'ambiance y est, comme on peut s'y attendre, des plus sympathique, où musiciens et propriétaires de la salle se retrouvent à grignoter autour d'une grande table offrant un impressionnant étalage de saucissons. Au minuscule bar nous attendent bières bio et tartes à la carotte et au poireau, faites maison et fraîchement déballées. Un délice ! Après avoir dégusté nos mets et feuilleté quelques revues d'art au moins aussi vieilles que Mathusalem, nous allons nous asseoir sur les bancs en bois surplombant la "scène" en contrebas. Enfin, la partie de la grange où le sol est le plus bas. Le premier groupe à se produire est français, One Lick Less, et malgré la jeunesse de ses musiciens, il nous interprète un blues de grande qualité, alternant entre chansons folk et solos de slide guitar en furie tout imprégnés de bon feedback bien gras.
Puis ils cèdent la place au guitariste Michel Henritzi, spécialiste de la musique expérimentale japonaise, qui ce soir exécute une longue session improvisée, toute en nuances, sur les photographies en noir et blanc de l'artiste Kumiko Karino, projetées sur un écran de fortune. Une bien belle expérience visuelle et auditive, empreinte de poésie.
Kan Mikami investit finalement la scène et nous offre une impressionnante session de blues. La voix de l'artiste est unique : grave et chaude, elle est toutefois capable de monter dans les aigus et joue sans cesse sur les fluctuations. Tantôt parlées tantôt chantées, les compositions de Kan Mikami sont celles d'un conteur. Toujours imprévisible, il alterne également cris, murmures, et rires, tandis qu'il exécute de fascinants et rapides mouvements du corps, allant et venant autour de son micro, jouant comme personne avec son public. Chaudement encouragé par la salle, il reviendra même pour trois rappels.
La soirée fut véritablement étonnante et agréable, pour son ambiance, ses gens simples, sa musique, ses tartes à la carotte et au poireau, et son gros chat paresseux. Un grand merci aux artistes présents, au staff de Comète 347, et à l'organisateur vert pituite la belle.
Texte : Jerriel