Le réel est-il ce qu'on perçoit ? Ce carnet, ce stylo, ma main droite et ma manche, ce jogger au survêtement gris galonné de blanc qui court le long du canal. Cette fille au foulard vert avec une grande bouche très maquillée.
Elle transporte deux sacs de commissions avec des slogans de supermarché. Des voitures sont dans un parking, grises, blanches et rouge pâle. Devant, sur un grand panneau, il a a une affiche pour un film d'action chinois.Depuis ce train de banlieue, je vois des télés dans les pièces, par les fenêtres. Des animateurs à la tête connue. Le JT. Ça défile lentement.
Soudain, les images d'un film porno, une blonde les yeux révulsés entre trois hommes, et le spectateur de dos dans son fauteuil dont on n'aperçoit que le sommet de la tête un peu chauve, qui se fout d'être surpris par les voyageurs ou qui n'a pas pensé à eux en s'installant.
Le garçon en face de moi a acheté des chaussettes pour jouer au foot, explique-t-il. Un autre, avec le T-shirt rouge brillant d'un basketteur célèbre fait du sudoku.