Deuxième partie de la biographie dessinée d’un personnage exceptionnel par la complexité, l’ambiguïté et les rebondissements de sa vie au cours de l’une des périodes les plus sombres de l’Histoire de France. Après Opération Vent Printanier de Philippe Richelle et Pierre Wachs, ou l’album collectif Paroles d’étoiles orchestré par Serge Le Tendre, Il était une fois en France aborde d’une manière originale la question juive dans la France occupée et sous le régime de Vichy.
Joseph Joanovici est arrivé en France en 1925 sans rien, sans éducation. Alliant sens de l’opportunisme et petit coup de main, pas très à cheval sur les principes, il se constitue rapidement un petit empire dans le secteur juteux de la ferraille. Dans la France rapidement occupée par l’ennemi allemand, la raison aurait dû lui dicter de fuir avec sa famille en Amérique. Curieusement, sentant peut-être que l’argent et les affaires n’ont pas d’odeur, il fait demi-tour et s’apprête à collaborer avec l’occupant…
Fabien Nury poursuit son histoire d’une manière plus linéaire que dans le T1. qui situait le personnage dans sa dimension temporelle. Le scénariste réussit à maintenir un savant équilibre pour faire apparaître Joseph sous son vrai jour sans jamais forcer le trait, sans influencer le lecteur. Le trait quelque peu caricatural de Sylvain Vallée met en relief les personnages grâce à un jeu habile de caméras en plongée ou contreplongée.
Alliant reconstitution historique réaliste et dessin fort en gueule, parfaitement mis en couleurs par Delf, le dessinateur affirme son empreinte et renouvelle le genre avec brio. Pour l’anecdote, les auteurs ont rajouté au scénario initial une magnifique double page de strips longs et muets décrivant le retour à Paris de Joseph.
Un album marquant qui ne peut laisser indifférent.