Andreï Foursenko, ministre de l'Education russe, s'est attaqué à une importante mission : rendre toute sa place à la lettre ë (io), trop souvent remplacée par la lettre e (ié), en rendant obligatoire son utilisation.
Cette lettre est apparue la 1e fois en 1783, grâce à la directrice de l'académie des sciences de Saint-Pétersbourg, Ekaterina Dachkova, qui souhaitait n'utiliser qu'une lettre (au lieu de deux) pour le son "io" (par exemple, "ëлка" au lieu de "iолка"). Mais c'est surtout Karamzine, à qui on a souvent attribué par erreur la paternité de cette lettre, qui l'a rendu célèbre en 1796 en l'utilisant massivement dans un almanach de poésie Aonidy. Cependant, est-ce une initiative de Karamzine ou de l'imprimeur (la question mérite d'être posée), puisque dans son Histoire de l'Etat russe, écrite entre 1816 et 1829, Karamzine n'emploie pas cette lettre. Ce n'est que le 24 décembre 1942 que l'usage de cette lettre dans les ouvrages scolaires est devenu obligatoire et que le ë a eu sa place officielle dans l'alphabet russe.
S'en suit maintenant une querelle de linguistes (comme chez nous pour la prononciation de août), politiques et designers sur l'obligation d'utiliser cette lettre, principalement visible de nos jours dans les livres pour enfants et les manuels pour les étrangers apprenant la langue russe. Foursenko explique qu'il est pourtant indispensable de se battre pour une prononciation et une orthographe justes, car la langue russe est aujourd'hui déformée à un degré plutôt important. Ainsi, le refus d'employer la lettre ë est une violation de la loi fédérale sur la langue d'Etat de la Fédération de Russie. Et les admirateurs de la lettre ë sont nombreux : des monuments ont été érigés en son honneur, notamment à Oulianovsk et dans la région de Iadrinski à la place de l'ancien village Iolkino.
Source : Newsru.com