En cette période de difficultés économiques, les journalistes, experts, hommes politiques... essaient d'imaginer les moyens de sortir de cette crise. La contribution de Evgueni Gontmakher, membre de l'Institut du développement moderne, a été publiée la semaine dernière dans Vedomosti, valant d'ailleurs à ce journal un avertissement de l'Agence fédérale de surveillance des médias pour extrémisme.
Son article décrit les 14 étapes d'un scénario de déstabilisation de la ville de Novotcherkassk.
1- Licenciements massifs dans l'entreprise qui fait vivre la ville.
2- Augmentation importante de sans-emplois dans les autres secteurs d'activité et dans les pme...
3- ... mais aussi dans la grande distribution, les gens n'ayant plus les moyens d'acheter autres choses que les produits de consommation courante (pain, lait, soupe).
4- Paralysie totale de l'administration locale et du maire, qui attendent les ordres du gouvernement central.
5- Agitation grandissante se transformant en protestation ouverte : les habitants de Novotcherkassk marchent vers la mairie, exigent des autorités qu'ils fassent quelque chose. La police n'intervient pas, ne cachant pas leur sympathie pour les manifestants.
6- Occupation de la mairie, des leaders commencent à apparaître et à vouloir mieux organiser les évènements.
7- Exigence auprès du gouverneur et du président russe du retour à l'emploi et de poursuivre les fonctionnaires responsables de la crise. Les manifestant expliquent qu'ils ne partiront pas de la mairie avant que ces exigences soient remplies.
8- Tentative de contact entre le gouverneur régional et le pouvoir central. Internet et les médias indépendants, comme Écho de Moscou, commencent à relater les évènements, les chaines nationales se taisent.
9- Absence de réponse de Moscou, qui ne sait que faire : commencer des pourparlers avec les manifestants ? Réprimer les protestations dans le sang ? Les journalistes sont sur place, les agitateurs n'ont rien à perdre, difficile de prendre une décision.
10- Ordre, après de longues réflexions, des autorités fédérales au gouverneur d'aller sur place et de commencer les pourparlers pour que les gens rentrent chez eux, en échange de la promesse d'arranger la situation.
11- Démission du gouverneur, qui sait qu'il sera licencié quoiqu'il fasse. L'atmosphère dans la région s'alourdit. Un nouveau chef de l'administration régionale est choisi et envoyé sur place.
12- Déclaration publique du nouveau gouverneur : une des banques, avec la participation de l'Etat, est prête à donner des crédits avantageux pour permettre une reprise de l'activité dans l'entreprise qui fait vivre la ville.
13- Entêtement des habitants de Novotcherkassk qui veulent que le gouverneur reste leur prisonnier jusqu'à ce que ses promesses soient mises à exécution.
14- Des violences éclatent à Moscou...
Evgueni Gontmakher ne va pas plus loin dans son scénario mais estime que la situation a de grandes chances de se résorber par lassitude du peuple de manifester et utilisation par le pouvoir de l'arme la plus puissante actuellement : l'argent. Quoiqu'il en soit, sans attendre que des événements semblables se produisent et deviennent le prologue de secousse dans toute la Russie, l'expert pense qu'il faut enfin procéder à la modernisation de toute la vie russe (de l'économie jusqu'à la politique) en minimisant la participation de l'État dans les processus publics et en mettant en place des principes de concurrence honnête et de liberté de l'entreprendre. Mais cette modernisation suffira-t-elle à résorber la crise en Russie ?
Demain, d'autres scénarios d'évolution de la crise.
Image : Rassemblement ouvrier à Pétrograd en 1917 (source Chenge the world et nevsky88)
Сценарий : Новочеркасск-2009