Ce que j'apprécie en tout cas chez François Rivière, c'est que, à lire son entretien, il a l'air de savoir de quoi il parle. Il n'est pas historien de la littérature, mais il arrive quand même à parler de Mame à propos de la littérature pour enfants du XIXe siècle, ce qui montre bien qu'il ne se contente pas de prendre en compte les grands chefs-d'œuvre du genre, mais connait aussi le tout-venant de l'époque, ce gros de la production pour jeunesse du XIXe siècle qui n'est pas resté dans les annales, et n'est plus guère réimprimé de nos jours. Esprit curieux, on lui doit notamment une biographie de James Matthew Barrie, l'auteur de Peter Pan.
J'apprécie également son point de vue sur l'édition jeunesse actuelle, et sur ses «nouveautés hypersophistiquées» et en cela-mêmes «atterrantes». Certains albums dits «jeunesse» sont en réalité des joujous pour graphistes, et me semblent bien éloignés de ce qu'un enfant est susceptible d'attendre de la littérature pour enfants. Autrement dit, à force de jouer avec les formes et les couleurs pour soi-disant développer la sensibilité des enfants, j'ai bien peur que parfois l'on produise des objets pour le moins hermétiques. Fascinants, certes, mais assez incompréhensibles, et souvent très fragiles, comme ce livre pop-up de David Pelham, certainement poétique, mais qui ravit davantage, je pense, les parents que les enfants.