Interview

Voilà sans aucun doute le film à ne pas rater en ce mois d'août.  Un huis-clos, emmené de main de maître par Steve Buscemi et Sienna Miller,  acteurs tous deux remarquablement justes et acérés, se transforme en une sorte de tango meurtrier fascinant, oscillant entre sexe, tendresse, répulsion, confessions, mépris réciproque et vulnérabilité plus ou moins feinte. Qui sortira victorieux de ce duel à mort où les mots sont des armes et les serments des pièges? Lequel de ces acteurs, incarnant ce que l'école américaine de cinéma a de meilleur, mettra l'autre au tapis?
C'est un match en forme choc culturel qu'organise Buscemi (reprenant l'idée original du cinéaste hollandais assassiné Théo Van Gogh). A ma droite, un journaliste sur le retour marqué par  de nombreuses blessures visibles et invisibles, un journaliste politique mis au rancart par sa rédaction et  chargé de se mêler de "people".  A ma gauche,  une actrice célèbre de séries TV minables mais très populaires, prétentieuse, apparamment superficielle mais d'autantplus insaisissable qu'elle est ... excellente comédienne. 
Bardé de préjugés, Pierre (le journaliste) est persuadé que c'est lui qui mène la danse,  bien que balloté et pris au piège des filets de séduction que Katya lance sur lui pour l'y entortiller. Comment une petite imbécile, dépendante de son téléphone portable et à Fox-TV, pense-t-il, pourrait-elle venir à bout d'un vétéran du journalisme qui a cotoyé l'horreur dans sa vie professionnelle et privée et s'en est sorti, quoique bien amoché?
Et pourtant, ce n'est pas si simple. Plongé dans la mise en abîme de l'image, l'image télé et vidéo, omniprésente, terrain d'élection de cette actrice qui est tout ce qu'on veut, sauf stupide, l'un comme l'autre semblent perdre leurs repères. Feintes, crochets, directs et manoeuvres se succèdent sans faiblir, avec, au final, un vainqueur par KO que l'on vous laissera le soin de découvrir par vous-même.