L'inénarrable Manuel Barroso, actuel président de la Commission Européenne s'est fait une solide réputation en raison de sa remarquable inertie pendant la crise financière. Ce sont les États qui ont réagi et non l'Europe par la voix de la Commission. Pas de chance, selon une source bien informée, les Coulisses de Bruxelles, que m'a signalé Quindi, Barroso a l'intention de se présenter à nouveau. Or, Barroso appartient au PPE, groupe conservateur, le plus puissant en Europe. On pourrait penser légitimement que la gauche va présenter un candidat alternatif : pas du tout ! Barroso est soutenu par les socialistes Espagnols, Britanniques et Portugais, et donc, très vraisemblablement, le PSE (parti socialiste européen) va lâcher l'affaire et laisser les choses se faire, d'autant que l'Europe est dirigée très majoritairement par des gouvernements de droite.
Que reste-t-il comme espoirs d'une alternative crédible ? Le troisième groupe le plus puissant est l'ADLE, constitué de deux composantes : les libéraux et les démocrates. Or, les libéraux ne parviennent pas à se mettre d'accord, par crainte essentiellement d'essuyer une veste retentissante, au grand dam des lib-dems britanniques qui auraient bien présenté Graham Watson. Au passage, je comprends mieux les récentes prises de position des libéraux au sein de l'ADLE à propos des coalitions de centre-droit. En fait, il n'est pas question d'une alliance avec le PPE mais surtout de tenter de faire élire un libéral ou un démocrate comme président de la commission.
Mais voilà, au sein de l'ADLE, il y aussi les démocrates, dont le MoDem est le principal pivot. Et, au MoDem, on se dit qu'il est hors de question de laisser le champ libre à Barroso ! Marielle de Sarnez, en particulier, est en pointe dans ce combat, et le PDE présentera coûte que coûte un candidat contre Barroso, avec l'espoir d'avoir le soutien plein et entier de l'ADLE dans cette optique. Le jugement de Marielle sur Barroso est sans appel, à en croire ce qu'elle a déclaré à Jean Quatremer :« Il a échoué, comme le montre la crise actuelle. Il a été suiviste et a été incapable de proposer quoi que ce soit. Il faut un président qui ne se comporte pas comme le secrétariat des États membres »
« Il faut que les citoyens sachent qu’en votant pour nous, ils voteront contre Barroso »
Bref, il va y avoir du sport :-) Les Verts, de leur côté, ne sont pas du tout enthousiastes à l'idée de se retrouver avec Barroso comme président, mais, faute de troupes, il faut bien cesser le combat, pas plus que chez les libéraux, on n'a envie, là-bas, de se prendre une veste pour des prunes. Je n'ai pas comptabilisé ce que pèse une addition des députés ADLE + Verts, mais cela vaudrait le coup de faire les comptes, d'autant qu'on pourrait espérer retrouver dans cette arithmétique un certain nombre d'euro-députés socialistes passablement furieux de se voir imposer à nouveau un individu qui a fait la preuve de son incompétence, et de surcroît de droite plutôt dure.
Je ne suis pas un fin politologue, mais, il me semble que la candidature la plus consensuelle, au sein d'une telle coalition, serait très logiquement une candidature démocrate, seule candidature en principe assurée de n'effrayer ni sur sa gauche, ni sur sa droite...à méditer, donc...Le congrès du PDE se tient les 4 et 5 décembre : j'espère en savoir plus à cette occasion.
Petite remarque au passage : on n'est vraiment pas des masses à s'intéresser à ce qu'il se passe actuellement en Europe et au sort de la future présidence, au sein de la blogosphère. Heureusement qu'il y a Quatremer (et Quindi qui relaie l'info quand il en a), parce que sinon...