A la veille de la discussion au Parlement de la loi sur l'audiovisuel, nous sommes obligés de dire notre révolte. Le détricotage des propositions de la commission Copé, auquel se sont livrés les hommes politiques de la majorité ces dernières semaines, rend vains tous les efforts que nous avons déployés pendant six mois pour faire de France Télévisions un grand groupe de l'audiovisuel européen. Comment ne pas ressentir un sentiment de trahison, alors qu'on n'avait de cesse de nous assurer que ce que nous recommandions serait pris en compte ?
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MOINS DE MOYENS D'ABORD.
Même si nous trouvions malsain que le financement du service public dépende en partie de la bonne santé de ses concurrents du privé - une franche augmentation de la redevance avait notre préférence -, nous avions fini par accepter le principe et le niveau des taxations sur l'effet d'aubaine de la publicité des télévisions commerciales et sur les fournisseurs d'accès en plein développement.
Ces niveaux de taxation vont être globalement réduits, si l'on en croit les déclarations de certains parlementaires de l'UMP. Le manque à gagner pour France Télévisions est évident. Si la loi de finance 2009 garantit le versement par l'Etat d'une somme qui permette dans tous les cas de figure de doter France Télévisions des 450 millions prévus, qu'en sera-t-il à partir de 2010 ? Aucune pérennité de financement de l'audiovisuel public n'est assurée : comment réaliser alors les ambitions que nous nourrissions pour France Télévisions ?
MOINS DE MODERNITÉ, DONC.
Les 450 millions couvrent la disparition de la publicité après 20 heures. En aucun cas, cette somme ne peut financer les émissions nouvelles qui remplaceront les espaces publicitaires et le développement : le passage au média global, tournant nécessaire si l'on veut faire de France Télévisions un média en phase avec le numérique, qui révolutionne la production, la distribution, la diffusion et la consommation des images. Sans argent, cette transformation sera difficile, conflictuelle, mal comprise par les personnels.
Par: Hervé Chabalier (producteur, agence de presse Capa) ;
Catherine Clément (philosophe et écrivaine) ;
Sophie Deschamps (scénariste) ;
Marin Karmitz (producteur, dirigeant du groupe MK2) ;
Marie Masmonteil (productrice) ;
Martin Rogard (directeur France de Dailymotion) ;
Jacques Santamaria (scénariste) ;
Nicolas Traube (producteur).
Tous ont été membres de la commission Copé.
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Posté par : Loïc LAMY
Source : Le Monde
Crédit: contre-feux