Il y a 15 ou 20 ans, les utilisateurs d’aides auditives possédaient une option afin de réduire la gêne liée au bruit de fond, en effet ils pouvaient manipuler le Volume Control. Ils pouvaient également augmenter le volume dans les situations où ils trouvaient que le son était trop. Du fait de la popularité de l’amplification non linéaire dans les années 90, le nombre de patients appareillés sans VC diminuait alors de 20% par an (KOCHKIN, 2003). Le CIC était également pour quelque chose, mais en général cette tendance touchait toute l’audioprothèse. La raison de l’absence de cette option était principalement l’automaticité des aides auditives dans l’adaptation du gain au niveau idéal en fonction du niveau d’entrée, ainsi éliminant le besoin de manipulation le VC. Un autre bénéfice était le gain en esthétique du fait de l’absence du potentiomètre dans la conception des coques d’appareil, ainsi qu’au niveau du « look » en général, plus fin, avec moins de relief. En dépit de ces avantages, beaucoup d’utilisateurs exprimaient le désire d’avoir cette option ou étaient alors insatisfait de leurs appareils du fait de son absence (KOCHKIN, 2003, SURR et al, 2001 ; ARLINGER et BILLERMARK, 1999).
Nous ne pouvons donc pas affirmer encore à l’heure actuelle qu’un ensemble d’options ou de paramètres satisfassent les besoins du malentendant pleinement. Toutes les adaptations commencent par la prescription relative à des données audiométriques transmises par le médecin. Il est ainsi raisonnable de dire que le but d’une prescription d’appareillage est de fournir la meilleure intelligibilité tout en assurant le confort vis-à-vis des sons forts. Cette démarche ne prend donc pas en compte que le patient pourrait vouloir augmenter ou diminuer certains aspects dans différentes situations. Par exemple, un utilisateur pourrait vouloir plus de volume que ce qui est prescrit lors d’une réunion importante, au travail ou en famille, mais cependant vouloir moins de volume en lisant le journal dans le train… l’utilisateur ayant en plus une sensibilité plus importante au bruit de fond n’a plus qu’a éteindre ou retirer ses aides auditives lorsque les sons deviennent insupportables, mais risquant ainsi de passer à côté de l’information auditive.
Figure 6: Temps moyen passé dans 5 environnements d'écoute différents par programme durant une période d'une semaine chez 19 participants appareillés avec des aides multiprogrammesL’utilisation d’aides auditives multi mémorielles avec des réglages pour différentes situations d’écoute pourrait être une solution à ce dilemme. Cependant la multitude de situations acoustique chez chacun d’entre nous impliquerait concrètement une multitude de programmes différents. Aussi, de nombreux utilisateurs n’utilisent pas les différents programmes proposés. NELSON et al (2006) ont rapporté chez un groupe d’utilisateurs d’appareils multiprogrammes des proportions de l’ordre de 10 H par jour sur le programme 1 et 2 H par jour pour les programmes 2 et 3 grâce au DataLogging. La figure 6 illustre le nombre d’heure moyen chez 19 participants passé dans chacun des 3 programmes durant une semaine et en fonction de l’environnement d’écoute. En plus de souligner la prépondérance du 1er programme omnidirectionnel, on peut également constater que selon l’environnement, l’utilisateur ne change pourtant pas de programme de façon efficace. Les aides auditives de cette étude possédaient un VC, et bien que son usage était modeste, les préférences en terme de volume différaient des cibles prescrites chez la plupart des participants. Par exemple, 5 participants avaient tendance à augmenter le volume dans des environnements de parole et à diminuer dans des environnements bruyants. Les autres participants auraient préféré des réglages de volume dans différentes situations mais sans manipulation de leur VC.