Par Bernard Vassor
Travailer plus pour gagner plus ! ........ Quarante ans après "Les Ambulantes à la brune", les mêmes causes produisant les mêmes effets, une "demoiselles" parisienne adresse une complainte chantée sur l'air de "la complainte de Fualdès" pour protester contre "une nouvelle ordonnance attentatoire à la liberté individuelle" tendant à limiter l'exercice de sa noble profession : Fait au nom de Stéphanie, De Paulin', de Pamela, De Victoire, d'Elisa, De Justine et de Phrasie, le quinze du moi de mai, Que l'on nous a enfermées ...... "De qui faut-t-il que j'implore Un appui dedans ce jour ? Fille de joie et d'amour, Tout le monde connaît Laure, Demeurant rue Fromenteau*, Au onzième numéro. ......... Pour réduire tout un sexe A l'état où nous voilà, Surtout quand il sait que ça Nous contrarie et nous vexe; Enfin, pour fair' c'qu'il fait, Faut-im qu'un homme soit...Préfet ! ...... Depuis c'te belle équipée, Nous n'faisons plus rien du tout : Nous n'pouvons plus même chez nous, Prendre l'air à la croisée. C'est dur de se repôser Quand on aime à travailler. ... Pour rien pour des vétilles, Sans motif et sans raisons, Fermer ainsi des maisons, Molester de pauvres filles ! Et vilà ce qu'on appelle L'gouvernement paternel." ...... La rue Fromenteau, ou Froidmanteau, dite au treizième siècle Froid Mantel, longeait les anciens fossés du Louvre. Elle prit 9 ans après la publication de ce petit livre, le nom de rue du Musée. Il y avait là l'hôtel de Schonberg, qui fut donné par Henri IV à Gabrielle d'Estrée en 1596. Elle donnait sur la place du Palais Royal, presque dans le prolongement de la rue de Valois, pour finir quai du Louvre. C'était le quartier le plus fréquenté par ces "demoiselles". "Faites donc prendr' les couturières, les marchands de mode aussi, qui chaqu'jour quand vient la nuit, exercent sans en avoir l'air", ajoute la plaignante. Nous apprenons aussi que la pratique du raccolage "à la fenêtre" existait déjà en 1830.