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La filiale de la SNCF sera le nouveau délégataire des transports en commun à partir du 1er janvier. Le vote s’est fait dans la douleur et sans les voix des élus de droite
«Bien sûr, j’ai pris un risque politique, maintenant il faut que ça marche...» C’est Vincent Feltesse (PS) qui parle. Le président de la Communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a effectivement joué gros, vendredi, lors d’un conseil communautaire long comme un jour sans pain. Feltesse a fait le forcing. Il a décidé de faire voter la délégation de service public (DSP) des transports en commun de l’agglo en faveur de Keolis, sans les voix des élus de droite (et donc d’Alain Juppé le maire de Bordeaux). «Le président s’est entêté, il a absolument voulu passer en force, je trouve que c’est dommage», a commenté Juppé après le vote. A l’arrivée, Keolis a remporté un marché de 750 millions d’euros sur 5 ans, sans l’aval du maire de Bordeaux et alors que des dizaines de salariés du réseau TBC manifestaient devant l’hôtel de la Cub et que pas un tram ni un bus n’a circulé de la journée. Ce que souhaitaient les salariés de Tbc, c’était le report d’au moins trois moi de la décision. Alain Juppé, lui, demandait deux semaines. Impossible selon Vincent Feltesse, qui a expliqué que la loi Sapin (du nom de l’ancien ministre socialiste), qui encadre l’attribution d’une DSP, est tellement contraignante, qu’elle ne lui permettait pas de s’exprimer sur le sujet avant le vote et donc de donner aux maires toute l’information qu’ils souhaitaient sur l’offre proposée par Keolis. «Ce qui est sûr, c’est que la loi Sapin, n’encourage pas à changer de délégataire !» a fini par lancer Feltesse. Ce qui est sûr également, c’est que le président de la Cub n’est pas au bout de ses peines. Un nouveau vote aura lieu au printemps pour définir les tracés définitifs de la troisième phase du tram. Et puis, vont s’engager rapidement de nombreuses procédures judiciaires. Celle de la Deutsche Bahn, la compagnie nationale ferroviaire allemande, dont le recours au tribunal pour manque de transparence doit être examiné mercredi. Ceux, on peut le penser, de Veolia, l’opérateur déchu. Enfin, il faudra sans doute recoller les morceaux avec le groupe Communauté d’Avenir d’Alain Juppé, probablement pas ravi que Feltesse ait fait le forcing sur cet important dossier.
Sébastien Marraud