Il n’aime pas les visites. Son truc, c’est les découvertes, la débrouille, les sensations fortes et les rencontres. Antoine de Maximy, 49 ans, 200 voyages et 80 pays au compteur. Depuis cinq ans, ce baroudeur de l’extrême, curieux indéfectible, trimballe son éternelle chemise rouge, ses mini caméras et sa bonne humeur, avec une seule envie : dormir chez l’habitant. Une idée qui l’a mené à tourner une trentaine de reportages pour France 5, intitulés J’irai dormir chez vous. Cette année, c’est un film qu’il réalise. Sur son périple à travers les Etats-Unis, de New York à Los Angeles. A pied, à vélo, en train ou dans un corbillard acheté d’occasion et repeint en rouge.
Note :
Et c’est une franche réussite ! L’objectif annoncé est de dormir chez une star d’Hollywood. Mais il ne s’agit que d’un prétexte pour mieux mener le téléspectateur à travers les contrées américaines et montrer ce que l’on ne voit jamais. On rencontre ainsi Milton, un ancien danseur de 95 ans qui passe ses journées à faire des assouplissements dans les rues de New York pour "éprouver le bitume". George, un Noir amusant et un peu bourré, qui a dû changer de maison après l’ouragan Katrina à La Nouvelle Orléans mais qui ne désespère pas de rentrer chez lui. Ou encore des Indiens Navajo, des Amish et un SDF qui dort sur les plages de Los Angeles.
Des rencontres qui ont le mérite de sortir de l’ordinaire. A la fois amusantes, intéressantes et inquiétantes – comme dans certains quartiers de La Nouvelle Orléans. C’est là la force de ce documentaire. Grâce à deux caméras fixées sur ses épaules (un prototype, conçu spécialement pour Antoine de Maximy) et un caméscope, le "globe-squatteur" enregistre tout son quotidien, qu'il s'agisse de ses rencontres et de son ressenti. Le témoignage en est d’autant plus fort. On voit à la fois les bons et les mauvais côtés de ce genre de voyages. Et une vision totalement inédite de l’Amérique.
Au-delà des rencontres, j’ai été séduite par cette façon de réaliser des documentaires. Se filmer soi-même (on s’y habitue vite), les gens que l’on rencontre et surtout mettre en scène son voyage, seul. Ainsi, lorsque sa voiture tombe en panne au milieu du désert, Antoine de Maximy prend le temps d’installer son pied et son caméscope de l’autre côté de la route afin de tourner des plans larges de la réparation de sa voiture. Ensuite, il filme au poing la réparation en elle-même et capte des gros plans des visages grâce aux caméras miniatures. Et ce, pour chaque moments importants. Sans oublier des séquences des magnifiques espaces qu’il a traversés tout au long de son périple.
Et en plus d’être un très bon documentariste et cameraman, Antoine de Maximy est extrêmement débrouillard. Comme lorsqu’il convainc un Indien de l’emmener chez lui et de lui donner les vieux bas nylon de sa femme afin de réparer la courroie de transmission de son corbillard. Ou lorsqu’il fabrique une sorte de perche télescopique sur laquelle il fixe son caméscope afin de faire des plans aériens. Ingénieux et original !
Antoine de Maximy nous donc propose un périple à la fois divertissant et intéressant. A ne pas manquer !