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Les rêves d'Amérique

Publié le 30 novembre 2008 par Feuilly
Qui étaient ces hommes qui découvrirent l’Amérique ? Des aventuriers, des chercheurs d’or ? Probablement. Des géographes aussi, passionnés par leur science. Des missionnaires, pressés d’aller évangéliser ces contrées. Et dans tout cela, il me plait d’imaginer quelque poète perdu, quelque fou qui croyait donner un sens à sa vie en s’embarquant vers l’inconnu.
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Ainsi donc ils partirent, les fiers aventuriers.
Ils lancèrent leur nef fragile sur la mer océane, voulant quitter ce monde pour en découvrir un autre, bien meilleur.
Là-bas, on disait qu’il y avait des îles incroyables, où poussaient tout seuls des fruits savoureux. Les animaux y étaient fantastiques et étrangement doux. Des espèces de lions venaient, paraît-il, vous lécher les mains tout en vous regardant de leurs grands yeux bleus.
Là-bas, on disait aussi qu’il y avait une grande terre, un continent, peut-être, avec des fleuves aussi larges que la mer. D’étranges poissons y nageaient, avec des corps de femmes et une queue de poisson.
Plus loin, c’est la forêt, immense, impénétrable. Des serpents gigantesques l’habitent et la défendent. Ils nagent dans les mangroves et les marais putrides. Quiconque s’aventure en cette contrée est frappé de fièvres étranges et meurt dans d’atroces souffrances, en ayant oublié pourquoi il était venu.
Il faut rester sur la côte, le climat y est plus doux et les femmes fort lascives. Quant à ceux qui ne pourraient se satisfaire de ces délices, qu’ils remontent les fleuves jusqu’aux origines du monde. En amont, ils trouveront des sauvages qui dansent nus en psalmodiant des chansons insolites. Ce sont des poèmes incompréhensibles qui parlent des dieux et des hommes et puis aussi de l’amour et de la mort. Ils dansent toute la nuit en buvant des nectars inconnus et tombent dans des délires étranges dont ils sortent au matin complètement heureux.
On dit que la-bas l’argent n’existe pas et que tous les hommes sont égaux. Les fleurs y ont des parfums pénétrants et la chair des poissons est tendre et délicieuse quand on la déguste au petit matin. On vit et on mange sans horaire, parfois le jour, parfois la nuit, à la lumière blanche de la lune.
Là-bas, il y a des oiseaux qui parlent des langues inconnues et en plein midi le soleil est si fort qu’il faut se réfugier sous l’ombre salvatrice des grands arbres. On fait alors de longues siestes remplies de rêves doux. On croit voir des rivages devant la mer, des algues sur ces rivages et des filles qui se baignent au son des vagues. Ce sont des vagues immenses et déferlantes, qui se brisent sur des rochers aigus comme la mort. Souvent, les filles émergent de l’écume blanche en riant et en poussant des cris aigus. Leur peau brune appelle les caresses et on se croit au paradis, mais quand on les appelle, elles disparaissent ou se perdent dans le rêve dont elles sont issues. Il ne reste que le soleil implacable dans le ciel infini et la soif qui vous dévore, éternellement.
Là-bas, on dit qu’il est un monde étonnant qu’il faut aller découvrir un jour si on ne veut pas avoir vécu pour rien. C’est une terre vierge restée intacte depuis la création de l’univers, une terre où la vie semble avoir enfin un sens. C‘est un continent éloigné, perdu au bout de la mer et un espoir qui attend nos navires.
Encore faudrait-il se décider à embarquer. C’est qu’on dit tant de choses sur ce territoire qu’on finirait par se demander si ce n’est pas seulement un rêve.

"Feuilly"
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