De quel droit une juge d'instruction a-t-elle fait procéder à l'interpellation musclée d'un journaliste, dans une affaire qui n'est même pas passible de prison? Vittorio de Filippis est journaliste à Libération et ex- PDG du journal. C'est à ce titre, ancien, que trois policiers l'ont interpellé à son domicile vendredi matin aux aurores. Une affaire de diffamation survenue à l'époque où il était à la tête du journal. Des procédures qui se terminent par des peines d'amendes, tout au plus. Par ailleurs, le litige s'était soldé au bénéfice du journal, mais le plaignant remit l'affaire sur le tapis et Filippis n'aurait pas répondu à la convocation. On le voit, rien d'une affaire d'Etat. Comment alors expliquer cette descente qui ressemble, selon la description qui en a été faite par le journaliste, à une opération menée par la police de Vichy? Humiliation, menottes, déshabillage total, fouille au corps, on écarte les jambes, on se penche en avant l'anus en vision totale et on tousse. Nous sommes en France fin 2008. Ce type d'aventure peut arriver demain matin à n'importe quel citoyen si l'on ne met pas hors d'état de nuire les auteurs de tels actes, sans humiliation ni fouille au corps. Le PS et l'UMP ont manifesté leur dégout devant cette attitude et demandé une enquête.