BLOC PARTY "Intimacy" (Cooperative Music)
Avec ce troisième album, il faudra reconnaître un mérite à Bloc Party, celui de ne rien vouloir faire comme les autres et celui de ne pas se laisser enfermer dans des carcans musicaux trop rigides qui pourraient empêcher le groupe d’évoluer, d’explorer, de capter l’attention de l’auditeur d’une manière inattendue. "Intimacy" réussit donc le double exploit de surprendre et d’innover alors que dans le genre guitare/basse/batterie on pensait déjà avoir tout entendu. Bon, évidement, cette quête de liberté ne se fait pas sans bousculer nos habitudes qui sont parfois dures à chasser. Le groupe ose là ou d’autres posent. Parfois, on a l’impression d’entendre Prodigy qui aurait décider d’écrire de vraies chansons percutantes et mélodieuses. Les breakbeats et la folie ambiante de "Ares" sont à ce titre significatifs. Puis, "Mercury" poursuit ce travail en mêlant vrais instruments et boucles synthétiques pour un résultat vraiment gonflé. Après quelques passages plus calmes, "Signs" ou "Biko", "Trojan Horse" et l’entraînant "One Month Off" démarrent pied au plancher avec une hargne intacte et pas du tout galvaudée. Au final, "Better Than Heaven" (on veut bien y croire !) clôt l’ensemble sur des breakbeats plus aériens et met fin à un troisième chapitre riche en rebondissements, définitivement affranchi des diktats du moment imposés par des Artic Monkeys ou Kaiser Chiefs.
LG
MORGAN GEIST "Double night time" (Environ/Pias)
Le producteur américain a toujours eu le chic pour élaborer des ritournelles entêtantes et des groove un rien nonchalants sur son propre label, Environ records, ou d’autres. Il est vrai que depuis 2002, et le premier album de Metro Area, on ne l’avait plus entendu sur un long format. Sur les 9 titres ici présents, quatre sont déjà sorti en maxis ce qui pourra constituer une source de frustration pour les fans inconditionnels. Sinon, Morgan excelle toujours dans l’art d’agrémenter différentes sonorités avec délicatesse. Il flirte volontiers avec la disco-pop (l’étourdissant "Rutless City", "The Shore"), les envolées analogiques à la Moroder ("City Of Smoke & Flame"), l’électro vaporeuse made in détroit ("Lullaby") et une certaine idée de la techno soulful ("Palace Life"), comme pouvait la concevoir quelques musiciens américains dans les années 80 et 90. Côté collaboration, Morgan a fait appel aux services du chanteur de Junior Boys, Jeremy Greenspan, et on retrouve l’ami Carl Craig, avec le remixe de "Detroit", sur la version japonaise de l’album. Côté production, "Double Night Time" est léchée avec de nombreuses parties vocales ce qui pourra, peut-être, agacer les puristes qui préféraient les instrumentaux de Morgan Geist. Quoi qu’il en soit, c’est un disque de très bonne facture et il contient son lot de morceaux de bravoure. Que demander de plus ?
LG
V/A DISSIDENT LONDON VOL.2 (Dissident)
Sélectionnée par Andy Blake, cette compilation se veut être le reflet de la programmation du club d’Oxford circus (Londres) : Dissident London. A peine le premier volume dans les bacs en août dernier, voilà que le Dj chevelu remet ça avec cette nouvelle collection de titres à cheval entre techno robotique et disco synthétique. Bon, ok, cette description veut tout dire et ne rien dire en même temps. Quoi qu’il en soit, il faut reconnaître que notre ami Blake est un vrai dénicheur de pépites obscures et oubliées dans les bacs de disquaires érudits. En 9 plages, il fait le tour des sonorités capables de réconcilier ancien et présent, un vrai melting-pot divers et variés qui va de l’electro pop 80’s en passant par l’italo disco, le cosmic disco, la house minimale ou primitive. Difficile de résister aux mélodies et à la basse enivrantes de Photonz, les décollages acides de Truffie Club, les ambiances dansantes et glaçantes de Colombia #1, le funk synthétique de Midnight Steppers, l’électro azimutée de Kruton… Si vous êtes arrivés au bout de cette chronique, c’est qu’il vous faut impérativement vous procurer ce disque par tous les moyens. Foncez et bonne écoute !
LG
Bloc Party, Talons