Les fragiles relations franco-tchèques n'avaient pas besoin de cela : la publication d'un dialogue qui aurait eu lieu lors de la rencontre du 31 octobre, à l'Elysée, entre Nicolas Sarkozy et le premier ministre tchèque, Mirek Topolanek... avec le franc-parler qu'autorise un déjeuner à huis clos.
Les fragiles relations franco-tchèques n'avaient pas besoin de cela : la publication d'un dialogue qui aurait eu lieu lors de la rencontre du 31 octobre, à l'Elysée, entre Nicolas Sarkozy et le premier ministre tchèque, Mirek Topolanek... avec le franc-parler qu'autorise un déjeuner à huis clos.
Jeudi 27 novembre, l'hebdomadaire tchèque Reflex a publié ce qu'il présente comme une "transcription" de la conversation, transmise par un "diplomate haut placé". La page de garde est en fac-similé, avec papier à en-tête de l'ambassade tchèque à Paris. Le directeur de la rédaction prévient : "Vous allez avoir l'impression que la délégation tchèque a négocié avec le représentant d'une civilisation extra-terrestre."
L'extra-terrestre en question, Nicolas Sarkozy, tente de convaincre son hôte de concéder à la France la coprésidence de l'Union pour la Méditerranée (UPM) au-delà de la présidence de l'Union européenne : "Tu sais ce que c'est d'être seul contre tous les Arabes ? De les avoir au téléphone ? Ils sont terribles, je te jure. (...) Le président algérien Bouteflika, le Tunisien, le roi marocain, la Libye, Israël. Un travail fou." Mirek Topolanek ne le contredit pas : "L'Union pour la Méditerranée est ton enfant (...). Et sans l'apport français, ce bébé ne survivra pas."
M. Topolanek avait été convié à l'Elysée sur fond de tensions : Paris s'inquiétait de savoir si l'euroscepticisme du président Vaclav Klaus n'allait pas peser sur la présidence tchèque de l'Europe ; Prague n'avait pas apprécié la suggestion de Nicolas Sarkozy de présider provisoirement la zone euro et de copiloter l'UPM.
"INCIDENT CLOS"
M. Topolanek nous avait indiqué, à sa sortie de l'Elysée, être "très satisfait" du déjeuner. Et approuver la présence de la France à la tête de l'UPM, "le bébé de Nicolas Sarkozy", en échange de l'appui de Paris à un projet de sommet sur l'Europe orientale où Prague serait habilitée à jouer un rôle prépondérant. "Le résultat de notre déjeuner est gagnant-gagnant", nous avait dit M. Topolanek. La "transcription" fait état de ce "marchandage".
Douze personnes participaient à ce déjeuner, six Tchèques et six Français. Des deux côtés, on assure que le texte est une invention. Le chef de la diplomatie tchèque, Karel Schwarzenberg, a présenté ses "excuses" à la France "pour cet incident inacceptable, et pour le fait qu'un texte aussi trompeur soit apparu". A l'Elysée, on considère "l'incident clos". Mais le président Klaus en a immédiatement profité pour railler la "camaraderie" européenne de son premier ministre, adversaire politique.
Marion Van Renterghem
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