C’est «la crise». On nous dit que les banques font faillite, les cours de la Bourse dégringolent, les investisseurs n’investissent plus, le moral des ménages est au plus bas. Les dirigeants économiques, feignant d’oublier les bénéfices record, se plaignent de la récession et s’excusent d’être contraint de virer les «petites gens». Les dirigeants politiques tentent un grossier volte face, appelant à «moraliser» le capitalisme tout en redistribuant des milliards aux banques qu’ils accusent être des voyous de la finance.
C’est «la crise». On nous dit que les banques font faillite, les cours de la Bourse dégringolent, les investisseurs n’investissent plus, le moral des ménages est au plus bas. Les dirigeants économiques, feignant d’oublier les bénéfices record, se plaignent de la récession et s’excusent d’être contraint de virer les «petites gens». Les dirigeants politiques tentent un grossier volte face, appelant à «moraliser» le capitalisme tout en redistribuant des milliards aux banques qu’ils accusent être des voyous de la finance.
Le capitalisme, tant vanté il y a quelques mois encore, serait soudainement devenu malade. Chaque jour, nous constatons que l’être humain est au service d’une croissance dont on ne saisit pas l’intérêt : on nous dit qu’il faut de la croissance pour créer des emplois… et qu’il faut des emplois pour avoir de la croissance ! Devant cette manière d’évacuer constamment le pourquoi, voila ce qu’il faut bien s’avouer : chacun est devenu un «agent économique», variable d’ajustement sur le marché du travail. Il se pourrait bien que ce soit le capitalisme qui soit la maladie même…
Bien que la crise d’aujourd’hui fragilise le système capitaliste, les classes dominantes cherchent encore et toujours à en tirer avantage : la crise étend le champ de la précarité et permet ainsi d’avoir une main d’œuvre plus soumise aux employeurs. Tous les beaux discours sur «l’insertion sociale» et «l’aide aux plus démunis» de la classe politique ne font pas avaler l’amère pilule de la dure loi du marché qu’ils ont eux même mis en place. La duplicité de cette politique capitaliste se concentre dans la figure du chômeur : elle est en même temps celle dont le système capitaliste a besoin et celle qu’il vomit. Le chômeur est l’archétype de l’agent économique qui doit s’adapter aux variations de l’économie de marché : prendre un boulot pourri et mal payé, s’il a la «chance» d’en trouver un…
On nous promet une arrivée massive de chômeurs à l’ANPE (les ex-Rmistes dorénavant tous obligés de s’inscrire dans le cadre du RSA, les salariés âgés qui ne seront plus dispensés de recherche d’emploi, les actuels travailleurs précaires futurs «bénéficiaires» du RSA, sans parler de tous les licenciements…) et on prétend ramener le chômage à 5%... Préfèreront-ils échouer lamentablement, ou ne reculeront-ils pas devant des mesures «audacieuses» : sous-traiter aux cabinets privés pour faire baisser les chiffres, étendre de force le sous-emploi précaire à des millions de personnes, radier massivement, trafiquer une nouvelle fois les statistiques ?
D’un côté, avec le RSA, on dit vouloir aider les pauvres en leur permettant l’accès à l’emploi, on dit vouloir faire un suivi personnalisé pour tous : mais nos dirigeants savent bien qu’il y a de moins en moins d’emplois stables en France (75% des offres à l’ANPE sont des emplois précaires). Ils savent également que chaque conseiller a à sa charge 120 chômeurs environ : ils prévoient tranquillement de ramener ce nombre à 60, mais il n’y a pas de postes supplémentaires prévus… En permettant aux «bénéficiaires» de combiner de manière permanente petits boulots et RMI, on encourage les entreprises à multiplier les emplois précaires, on crée une catégorie de travailleurs de seconde zone, mise sous tutelle, disponible et docile. De plus, les bénéficiaires du RSA seront soumis au Projet Personnalisé d’Accès à l’Emploi (PPAE) qui prévoit la radiation après deux refus d’offres jugées «raisonnables», et la dégressivité progressive du salaire auquel le chômeur peut prétendre pour accepter ou refuser une offre.
De la même manière, avec la fusion ANPE-Unedic, on dit vouloir rendre les choses plus simples pour le demandeur d’emploi (un seul interlocuteur, un meilleur suivi), alors que les conseillers n’ont matériellement plus le temps d’aider les chômeurs, situation incitant l’agence à recourir de plus en plus à la sous-traitance. L’ANPE cherche également à mettre en place des plates-formes téléphoniques qui sont sensées diminuer le nombre d’entretiens, et vont avoir pour effet d’automatiser et de déshumaniser l’activité des conseillers. Par ailleurs, on prétend vouloir faire travailler agents de l’ANPE et Assedic ensemble, sans augmenter les salaires des premiers (qui gagnent jusqu’à 1.000 € de moins que leurs collègues). Enfin, la création de Pôle Emploi (passage au droit privé) signifie le démantèlement du service public de l’emploi, régi par certains principes, comme le droit à un travail stable et librement choisi, et facilitera les licenciements des conseillers récalcitrants à accepter la transformation de l’ANPE en agence d’intérim d’Etat.
Nous exigeons le retrait du projet personnalisé d'accès à l'emploi (PPAE), parce que :
• il n'y a eu aucune consultation des chômeurs dans sa mise en œuvre ni aucune information diffusée auprès d'eux pour en expliquer les tenants et les aboutissants,
• le PPAE n'est qu'un moyen de renforcer le contrôle des chômeurs : c'est une «négociation» entre un conseiller pas forcément bienveillant et un chômeur souvent pas ou peu informé,
• en acceptant de s'engager sur certains «objectifs», le demandeur d'emploi reconnaît implicitement, en cas d'échec, être responsable de sa situation.
Nous exigeons le retrait de l'offre raisonnable d'emploi (ORE), parce que :
• elle prévoit la réduction de leurs prétentions salariales, et ses modalités ont pour but de leur faire accepter n'importe quel emploi sous-qualifié, précaire et mal payé,
• le refus de deux offres «raisonnables» d'emploi entraîne la suspension de l'allocation pendant deux mois.
Nous exigeons le retrait du RSA, parce que :
• il généralise la précarité,
• il crée une catégorie de travailleurs abonnés aux petits boulots, suivis en permanence par les services sociaux
• il engendre une perte de revenu (aides sociales déduites contrairement au RMI) quoi qu'en disent les discours officiels,
• son mode de calcul est totalement opaque,
• il entérine la fin du principe de solidarité envers ceux qui sont sans emploi.
Nous exigeons l'abrogation du décret concernant l'attribution du RMI, parce que :
• cette attribution dépend des éléments du train de vie : mobilier, voiture , compte bancaire, etc. Si, par exemple, vous avez travaillé 3 ans et économisé quelques milliers d'euros, 2,5% sont déduits de l'allocation RMI.
Parce que nous sommes solidaires des conseillers en grève aujourd'hui, nous exigeons avec eux :
• l'augmentation des salaires et des effectifs,
• le maintien de l'ANPE dans le service public de l'emploi,
• l'abandon des plates-formes téléphoniques.
Nous voulons que chacun puisse travailler librement, selon ses aspirations, en accord avec une collectivité qui s'affranchisse de l'économie et de ses crises.
Le Mouvement des chômeurs et précaires en lutte de Rennes
Rendez vous est donné dès 10 heures, LUNDI 1er DÉCEMBRE, à l'ANPE de Rennes-Sud pour participer à l'assemblée générale des agents ANPE, pour se retrouver, discuter et agir contre la politique du gouvernement.
Puis nous vous invitons le soir-même à 18 heures à une apéro-discussion au local du MOUVEMENT DES CHÔMEURS - 22 rue de Bellevue (bus 3, arrêt Jeanne d'Arc) 35700 RENNES
http://www.actuchomage.org/index.php