La vie comme des barres chocolat

Publié le 30 novembre 2008 par Hrvatska

La vie comme des barres chocolatées

"Encore toi avec tes articles. Méfie-toi ainsi que ce Fehir. Ca ne finira pas comme ça. On va te massacrer. Tous les deux vous allez sauter en l'air", a pour contenu le message qu'a reçu jeudi par SMS Drago Hedl, un ancien journaliste au "Feral Tribune", et désormais au "Jutarnji list". Ceci est la quatrième fois que de telles menaces parviennent à Hedl, raison pour laquelle il a reçu une escorte policière.

La menace n'est que la réaction à un article d'Hedl dans le Jutarni list où il a écrit que Djapic avait apporté des chocolats à Glavas, son ami d'alors, pendant que ce dernier faisait soi-disant une grève de la faim.

Etant donné que ce n'est pas la première menace qui vous parvient, dans quelle mesure avez-vous pris celle-ci au sérieux ?

Dès lors où ces derniers mois plusieurs journalistes ont été passés à tabac en Croatie, et qu'un a été assassiné, il est certain qu'il n'est pas agréable de recevoir un message dans lequel il est dit que vous allez être massacré et que vous allez sauter en l'air. Certes, je suis habitué aux menaces, ceci est la quatrième au cours de ces dernières années depuis que je fais de l'investigation journalistique et que j'écris sur les meurtres de civils serbes à Osijek, les affaires nommées garaza et selotejp, raison pour laquelle on juge Glavas et six autres accusés.

Vous avez vous-même remarqué que la menace est parvenue au moment où s'est achevée la conférence pour les journalistes qu'a tenue Branimir Glavas, et dont le motif était la publication de votre article sur les "barres de chocolat". Croyez-vous que Glavas se tienne derrière tout cela ?

Je ne peux pas affirmer que Glavas se tienne personnellement derrière les menaces. Il est néanmoins révélateur que mes articles sont cités dans la menace que j'ai reçue, or l'article relatant comment Djapic avait apporté des barres de chocolats au rhum à Glavas pendant que celui-ci faisait soi-disant la grève de la faim en prison, a été publié le jour avant que la menace n'arrive. Directement avant que je ne recoive hier, à 13.25, le SMS en guise de menace, Glavas a tenu une conférence pour les journalistes dans laquelle, outre sur Djapic, il s'est répandu en paroles les plus ordurières sur mon compte. Cela peut être une coïncidence mais pas forcément. Cela dit, il n'y a certainement pas eu de coïncidence lorsque il y a deux ans le chef de parti de la jeunesse du HDSSB* de Glavas (le parti qu'il a formé après avoir été expulsé du HDZ**) m'avait menacé dans la rue de me tuer comme un chien. C'est pourquoi ce sous-fifre de Glavas a été condamné définitivement à une peine de prison avec sursis.

Le conflit entre Glavas et Djapic dure depuis tout un temps. Il semble que votre article a encore plus ébranlé l'ancienne amitié ?

Djapic en sait certainement un paquet sur Glavas et inversément. Mais Glavas utilise maintenant du linge sale qu'il connaissait déjà auparavant en ce qui concerne Djapic sans pour autant l'avoir utilisé tant qu'ils formaient une coalition et tant que celui-ci l'aidait alors qu'il était en prison. Mais Glavas est ainsi fait. Lorsqu'il a rompu avec le HDZ il a sorti les pires choses sur Ivo Sanader et Vladimir Seks, mais une fois relaxé il n'a plus pêté un mot sur eux. Le bonhomme est ainsi fait, tant qu'il lui faut de l'aide il peut s'acoquiner avec le diable en noir, mais lorsque l'amour vient à capoter il va sortir tout le linge sale, et au besoin il va inventer ce qui n'existe pas. Maintenant il traite Djapic d'anomalie morale, humaine et physique, alors que jusqu'à hier il mangeait les pralines qu'il lui tendait.

C'est comme si le procès de Glavas n'arrivait pas à décoller. Lui, d'un autre côté, se comporte comme il s'est toujours comporté - avec arrogance. Ce procès finira-t-il jamais ?

Pour un cas concret, il est certain que la justice est lente, mais il est difficile de dire si elle ne peut être atteinte. On pourrait écrire tout un livre sur le cirque qui accompagne ce procès. Sans hésitation le chapitre le plus risible est que Glavas, presque littéralement, durant les pauses des séances au Parlement où il est député, se rend au procès pour crimes de guerre. Et pas seulement ça - il est constamment dans les médias, il tient des conférences de presse, il s'en prend aux témoins, au tribunal, au Parquet. Mais franchement, pourquoi ne le ferait-il pas si on lui passe tout ?

Vu de côté, le procès semble ressembler à une vraie farce pour le peuple. Comment est-ce que les habitants d'Osijek regardent tout cela, jusqu'à quel point la ville en pâtit-elle ?

Les habitants d'Osijek sont effrayés, le nom de Glavas continue à être prononcé à mi-voix. Ils croient qu'il est presque aussi puissant qu'il ne l'était auparavant, que personne ne peut rien contre lui, qu'il est indestructible. Il a annoncé sa candidature au poste de maire d'Osijek, il est député parlementaire, et se trouve en liberté malgré le fait d'être jugé pour le plus grave acte délictueux - le crime de guerre. Tout cela déconcerte les gens, alors quand vous leur demandez quoi que ce soit sur Glavas, il ne vous diront rien en public. Parce qu'ils voient ce qui advient au petit nombre qui ose s'affronter à lui.

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* HDSSB : l'Assemblée démocratique croate de Slavonie et de Baranja.

** HDZ : la Communauté démocratique croate

Source : e-novine, le 30 novembre 2008.