Le TOCSIN ?
l'article volontairement accrocheur de Jacques ATTALI (ci dessous) pose comme toujours de sa part les bonnes questions. Il est vrai que nous ne pouvons tous être major de l'école polytechnique, il n'y en qu'un par an. Il se place également dans la bonne perspective, celle de l'après demain et non seulement celle d'aujourd'hui avec les lots de misère que nous constatons tous qui ne sont en fait que les conséquences et non les causes de nos malheurs prochains. Puissent nos dirigeants entendre et comprendre cet appel, car il y va de l'avenir de la FRANCE de l'Europe et du monde. lu sur le site de Jacques ATTALILe tocsin
le 25 novembre 2008 15h23 | par Jacques Attali"Pendant que le parti socialiste français se suicide en chantant, offrant à la droite, qui devrait etre aux abois en raison de la crise, une réjouissante diversion, ceux des décideurs qui sont plus informés que les autres des menaces à venir prennent des dispositions, aujourd’hui encore très discrètes, dont les effets désastreux seront bientôt visibles.
Ainsi, des banques utilisent tous les prétextes pour se faire rembourser par anticipation leurs prêts aux PME, les contraignant à la faillite, et aux particuliers, détruisant le secteur du logement ; des grandes entreprises arrêtent tous les recrutements et préparent des plans de licenciements massifs.
Des projets d’investissement sont, eux aussi, silencieusement renvoyés aux calendes grecques ; en particulier ceux de l’industrie pétrolière : la production de la mer du Nord menace de s’interrompre cette année, faute de maintenance ; des gisements en Arabie saoudite, en Russie, au Kazakhstan pourraient ne pas etre exploités par manque de financement ; il en va de même pour des gisements en eau très profonde du Brésil tout juste découverts ; et les investissements dans le solaire et le nucléaire sont aussi, malgré les discours, très sérieusement ralentis, comme les investissements en économie d’énergie.
Et comme on compense tout cela par d’immenses injections monétaires, sans contrepartie, s’annoncent des désastres épouvantables ; dans l’ordre : un chômage considérable, une dépression, puis une inflation massive. C'est-à-dire, à l’échelle du monde, ce qui s’est passé en Allemagne dans les années vingt.
Si les socialistes européens ne sont pas capables de voir cela, et de s’y préparer, la faillite de l’économie libérale ouvrira la voie, une fois de plus, à des caricatures de socialisme, c'est-à-dire à des états totalitaires empruntant à la social-démocratie ses idées économiques : des grands travaux, des nationalisations ; en y ajoutant des privations de libertés et des boucs émissaires.
Les partis sociaux démocrates devraient n’avoir qu’une idée en tête : se doter d’un programme commun très ambitieux pour les prochaines élections européennes.
Et tout faire pour convaincre les opinions publiques que seule une Union Européenne se donnant d’urgence les moyens d’une politique économique très ambitieuse (un fonds souverain continental d’un demi-trillion d’euros au moins pour financer des grands travaux ; une politique industrielle et une reconversion écologique majeure) pourra sauver la démocratie.
Mais qui s’en soucie ?"