Il y a dans la blogosphère des gens très généreux qui publient des bijoux qu’on peut lire et apprécier tout-à-fait gratuitement. La campagne d’Obama et l’utilisation du Web par les partis politiques du Québec de Michael Carpentier en est un excellent exemple. Voilà un article de grande qualité et qui a nécessité beaucoup de travail pour son auteur. Comme je crois qu’un des avantages de la blogosphère est d’accéder à énormément de bon contenu pour l’appliquer dans nos activités personnelles, je pars de cet article analysant les meilleures pratiques du Web 2.0 en politique pour transposer dans le monde de la philanthropie ce qui me semble applicable. Un gros merci à M. Carpentier!
La première réaction normale en pensant à l’utilisation du web par Barack Obama est de se dire que ce n’est pas réaliste dans le monde des OSBL pour une raison budgétaire. Je tiens donc à préciser dès le départ que je ne crois pas en cet argument. La question n’étant pas de mesurer l’ampleur des montants investis, mais plutôt de comprendre les choix stratégiques qui amènent une organisation (électorale ou philanthropique) à investir plus de temps et d’efforts sur le Web qu’ailleurs. Il est évident que rendre des outils Web efficaces dans le cadre d’une campagne à la présidence américaine demande un support financier important. Mais Obama n’a pas dépensé plus à cause qu’il s’est investi dans le Web, il a simplement accordé plus de temps à ce merveilleux média pour rejoindre et convaincre plus de voteurs. C’est ce qu’il faut comprendre.
Voici les faits saillants de cet article qui se transposent en philanthropie :
- M. Obama blogue honnêtement et pas seulement par opportunisme. Voilà le premier élément de sa stratégie à retenir. En effet, il y a plus d’un an qu’il blogue ici et, contrairement à plusieurs politiciens qui bloguent, il le fait d’une façon transparente qui lui a permis de bâtir une grande crédibilité et un support solide dans la blogosphère. Ce que nous appelons le “Long Tail” n’est pas aussi important pour un tel personnage public, mais c’est définitivement quelque chose à considérer pour une OSBL : bloguer devient plus efficace avec le temps et l’ajout de contenu pertinent.
- Le site Web de M. Obama est très “clean” et professionnel. C’est clair que des efforts ont été investis dans ce site pour le rendre parfait en terme de navigation et de contenu. Dans le monde de la philanthropie, cela n’est pas évident car ça demande normalement un investissement monétaire. Mais un bon site Web est crucial et devrait être une priorité. Une solution possible à ce niveau : approcher des firmes de consultants en design et développement de sites Web pour leur demander la charité. La firme Viglob semble justement le faire et je crois que d’autres firmes font du travail gratuit en ce sens.
- Barack Obama a mis en place une plateforme de réseautage social efficace. Cet élément de sa stratégie est très importante dans le Web 2.0 et le serait aussi dans le monde philanthropique car les gens veulent “connecter” autour d’idées qu’ils partagent. Il ne fait aucun doute que les supporteurs d’une cause X seraient intéressés à échanger avec d’autres supporteurs de la même cause. Ceci ferait en sorte qu’une OSBL pourrait bénéficier de plus de loyauté de la part de leurs membres et de plus d’activisme. encore là, il existe des outils Web pratiquement gratuits pour créer un réseau social.
- L’utilisation de Youtube par le parti démocrate a été impressionante : plus de 1800 vidéos! Il ne fait aucun doute, que les OSBL pourraient faire un effort pour utliser les sites de vidéos en ligne à leur avantage.
- Les réseaux sociaux comme Facebook et Linkedin sont-ils utilisés à leur pleine capacité par les leaders des OSBL? J’en doute. Un autre bel exemple d’outils Web gratuits qui permettent de rejoindre plus de donneurs et bénévoles potentiels. Linkedin me semble l’outil parfait pour créer un réseau de professionnels qui financent un cause et de maintenir la communication avec ces derniers alors que Facebook rejoint davantage la base des jeunes qui sont intéressés par l’amélioration de leur société.
Ces 5 éléments d’une bonne stratégie Web ont une chose en commun : ils ne demandent pas des investissements majeurs sur le plan financier, mais ils demandent du temps et de la réflexion. La question pour les OSBL est de savoir s’il est réaliste de ne pas commencer à sérieusement s’investir dans le Web? Je crois que la réponse à cette question est négative. Il faut donc passer à l’action. Mais attention, il est important pour les OSBL de ne pas de regarder le Web comme un fardeau additionnel et complexe dans leur stratégie de financement et de recrutement de bénévoles. L’idée est de commencer dès maintenant et de tenir la route car les bénéfices viennent avec le temps. Retarder les initiatives est coûteux et arrêter en chemin aussi…