Comme tous les ans l’église Saint-Thibault organisait ce week-end sa kermesse pour fêter Saint Nicolas. Dans la crypte sous l’édifice, les stands désuets attendaient les visiteurs. Les mêmes dames, les mêmes stands au même endroit. Bocaux et conserves de produits du Sud-Ouest à l’entrée, puis les torchons et serviettes minutieusement brodés toute l’année en prévision de cette vente charitable, quelques antiquités familiales du genre bougeoirs, cendriers en verre, bibelots crapoteux hérités d’une famille Groseille quelconque, des petits bijoux et des confitures faites maison, des jouets attendant un repreneur. Des étalages et cartons de livres, un stand très bondieuseries avec des livres de catéchisme, des biographies de papes ou de saints hommes et un autre plus éclectique où tous les genres étaient proposés à des prix ridicules (1 euro les cinq bouquins), difficile de ne pas céder à la tentation et ne pas mettre la main à la poche. Sans trop perdre de temps à farfouiller dans ce vrac j’ai vite dégagé quelques polars d’auteurs connus mais que je n’avais jamais lus (Fred Vargas, Henning Mankell) ainsi qu’un Tristan Bernard dans une édition soignée. Voilà de quoi m’assurer plusieurs semaines de lecture pour une somme raisonnable. Comme quoi on peut lire sans dépenser des fortunes si on achète ses livres dans ce genre de manifestations. La kermesse bon enfant et vieillotte m’a replongé dans un passé proche et lointain à la fois où les clients ne se bousculaient pas pour vous prendre votre place au moment de payer, où l’on s’excusait si on marchait sur le pied du voisin, où l’on ne hurlait pas quand on discutait. La haute silhouette du maire sillonnait la crypte, plaisantant avec chaque exposant. Dans une pièce adjacente, quelques tables nappées à carreaux où l’on pouvait déguster les gâteaux préparés par les dames de la paroisse, tartes aux pommes et fondants au chocolat dans une chaude ambiance quasi familiale. J’aurai bien le temps de ressortir de la crypte pour affronter le vent frisquet de cette fin novembre.