Toutes les personnes qui me lisent régulièrement savent – à moins d’être de fort mauvaise foi – que si je soutiens la cause palesti-nienne (le droit à un Etat à côté de celui d’Israël) j’ai le même amour pour les deux peuples, mon seul vœu étant une paix durable et – au-delà – des relations de coopé-ration et d’amitié..
Ne croyez pas qu’il s’agisse là d’une précaution rhétorique destinée à écarter le soupçon d’antisé-mitisme que les plus stupides défenseurs d’Israël font peser sur ceux qui osent critiquer la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens… C’est mon sentiment le plus profond et l’intime conviction qui m’anime.
Je ne vois d’ailleurs pas comment je pourrais être antisémite quand ce sont tous les racismes et les xénophobies qui me révulsent !
En revanche, je hais profondément - quasi viscéra-lement - les «fauteurs de guerre» à quelque camp qu’ils appartiennent et j’éprouve le plus profond mépris pour tous les extrémistes et terroristes.
L’extrémiste illuminé qui a tué la paix en même temps que Rabin, de la même manière que les extrémistes palestiniens qui tuent des Juifs en faisant exploser leurs ceintures de dynamite, et de manière générale ceux qui lancent des roquettes contre les villages israéliens.
Il est donc naturel que j’éprouve une grande rage en lisant ce matin sur le Monde.fr un article de Michel Bôle-Richard, envoyé spécial à Hébron : La “Maison de la paix” oppose les colons à la justice israélienne.
.
Cet immeuble est revendiqué par des colons israéliens. Or, la Cour suprême israélienne – sans juger au fond : il appartiendra à la juridiction qui sera saisie du litige de déterminer qui est le véritable propriétaire – estimant toutefois qu’il n’avait pas été établi formellement par les colons qu’ils avaient acheté cette maison, que le propriétaire palestinien nie avoir vendue, vient d’ordonner aux squatters de quitter les lieux sinon la police pourrait les expulser dans un délai de trente jours…
L’occupation de cet immeuble répond à une stratégie de «reconquête» des quartiers palestiniens, pan par pan (on la voit également à l’œuvre à Jérusalem). Tout cela au nom de la Bible et d’Abraham !
J’ai le plus grand respect pour la Bible mais qu’elle puisse être présentée comme fondatrice d’un quelconque «titre de propriété» cela ressortit à l’évidence de la pire stupidité obscurantiste.
En droit, un titre de propriété est fondé sur un acte juridique parafé par deux parties et le Seigneur n’a aucune part au contrat.
Daniela Weiss - égérie des colons extrémistes et d’un groupuscule intitulé «Les Jeunes pour la terre d’Israël» – ne promet rien de moins que de mettre la Palestine à feu et à sang et sans doute par la même occasion les Palestiniens dehors ?
A t-elle seulement conscience qu’elle est en train de quasi réinventer la «solution finale» qui fut naguère si funeste aux Juifs ?
Ce qu’elle promet est proprement terrifiant : “On ne va pas se concentrer sur une forteresse. Le feu va éclater dans tout le pays. Nous allons nous battre pour toute la Judée. Nous avons appris beaucoup depuis l’éviction des colons de la bande de Gaza (juillet 2005) et celle mouvementée de la colonie d’Amona (janvier 2006). Si nous commençons une rébellion, elle se répandra partout. Ce sera Amona à la puissance dix. Personne ne veut la guerre civile mais nous nous défendrons.”
Elle accuse la Cour suprême d’avoir rendu une décision «antisémite»… Si elle avait quelque lueur d’intelligence elle saurait que les peuples palestiniens et israéliens sont également «sémites»… A cet égard, je ne peux qui conseiller de lire le fort beau et lumineux texte d’Egard Morin paru dans Le Monde le 19 février 2004 : Antisémitisme, antijudaïsme, anti-israélisme
«On n’a pas le droit d’expulser les juifs de chez eux. Je suis prête à me sacrifier si l’on touche à une seule lettre de la Bible. C’est un sacrilège !” Pas question non plus de négocier avec quelques autorités que ce soit “même sur un seul grain de poussière de la terre d’Israël».
Pauvre peuple israélien promis à la guerre perpétuelle par une telle «Furie» !
Puisqu’elle prétend s’appuyer sur la Bible, qu’elle médite alors dans Osée (7-8) la portée de sa sanguinaire obstination : «Qui sème le vent récolte la tempête»…